Le neem peut-il remplacer la chloroquine ?

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Le neem, bien connu pour ses vertus antipaludiques par les Africains, mais surtout pour ses nombreux autres bienfaits par les Indiens, est, une fois de plus, au cœur d’une polémique internationale directement liée, bien que pour des raisons différentes, à ce que certains appellent « le scandale de la chloroquine ».

Le neem contient-il de la quinine, la substance naturelle synthétisée pour produire la chloroquine ?

La quinine, ou plutôt le quinquina dont elle est extraite, peut-il se consommer sans danger ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, si vous me le permettez, j’aimerais faire une petite mise au point.

Elle semblera probablement évidente à certains, et pour eux je m’excuse d’avance, cependant elle est encore nécessaire à d’autres.

Bien que les solutions offertes par la nature soient infinies, pouvant à mon sens et celui de nombreux naturothérapeutes, prévenir et agir sur pratiquement tout type de virus, aussi bien que sur le plan de l’immunité, une médecine, qu’elle soit naturelle ou non, n’est pas du sucre, même lorsque ce dernier en est le principal composant.

Se goinfrer de remèdes, tout inoffensifs qu’ils paraissent, ne mettra personne davantage à l’abri des maux.

Rappelez-vous les paroles de Paracelse :

« Rien n’est poison, tout est poison, c’est la dose qui fait le poison. »

Bien que je sois le premier à m’émerveiller en redécouvrant régulièrement des remèdes oubliés, mon but n’a jamais été de pousser à une consommation effrénée des solutions dont nous parlons ici.

Les médecines naturelles génèrent certes une économie saine, elles sont non iatrogènes, écologiques et humaines, méritant d’être soutenues et développées au moins autant que le monde bio, lui étant étroitement liées.

Je ne le dirai jamais assez.

Cependant l’ensemble des disciplines des médecines naturelles sont sous-tendues par un même principe :

La nature holistique de l’être humain.

Bien qu’il soit souvent nécessaire d’utiliser, en synergie, de nombreux remèdes et techniques naturelles afin de lutter contre des pathologies lourdes, il est toujours question de choisir une approche, une stratégie, et de s’y tenir autant que possible.

Il en va d’ailleurs de même pour les maux les plus bénins, qui eux pourront souvent se contenter d’un simple remède, d’une technique, voire d’une adaptation basique du terrain par le biais d’habitudes alimentaires.

Cela reste vrai au cours d’une pandémie, si inquiétante soit-elle.

Or, une bonne stratégie holistique, se réalise souvent en synergie entre :

1/ la diététique, ou la dietothérapie en fonction des cas,
2/ l’exercice physique,
3/ la thérapie, la naturopathie, l’aromathérapie ou la phytothérapie par exemple,
4/ et la technique, pouvant dans certains cas se substituer au point numéro deux.

Néanmoins ce serait de la pure folie d’utiliser par exemple tous les remèdes disponibles en aromathérapie en une seule prise, « juste au cas où ».

Les huiles essentielles, comme se plaisait à le dire Jean Valnet, représentent une médecine extrêmement puissante, elles peuvent brûler, aveugler, intoxiquer, et créer de violentes réactions lorsqu’elles ne sont pas utilisées à bon escient.

Et, comme nous allons le voir, cela peut aussi être le cas avec de simples tisanes, et des compléments alimentaires.

Neem, chloroquinine et H.E.

Ces petites précisions étant faites, revenons à notre polémique, celle autour du neem je veux dire.

Tout a démarré il y a quelques semaines avec une rumeur répandue sur les réseaux sociaux et plus particulièrement en Afrique, prétendant que le neem contenait de la quinine, substance thérapeutique naturelle ayant été reproduite synthétiquement pour servir de principe actif dans la fabrication de la chloroquine.

La solution paraissait toute trouvée, nous avions une chloroquine naturelle.

Si ce n’est que le neem ne contient pas de quinine, un alcaloïde extrait du quinquina, mais un flavonoïde bien différent du nom de quercétine (1).

Bien que l’écorce de quinquina et la feuille de neem soient toutes deux utilisées comme antipaludéens et anti-grippaux, leur ressemblance s’arrête là.

L’une, la quinine, bien que naturelle, peut s’avérer toxique, voire mortelle à haute dose.

Selon l’AFSSAPS, le cinchonisme provoqué par la quinine et les alcaloïdes du quinquina peuvent générer :

  • acouphènes,
  • baisse aiguë de l’acuité auditive,
  • vertiges,
  • céphalées,
  • nausées,
  • troubles de la vision,
  • risque d’anémie hémolytique aiguë compliquée ou non d’insuffisance rénale aiguë. (2)

Quand pour sa part la chloroquine propose un lot d’effets secondaires plus impressionnants encore :

« La chloroquine et l’hydroxychloroquine sont toxiques pour le cœur et pour les yeux.

Ils sont associés à des troubles du rythme cardiaque, des troubles visuels, ainsi que des effets secondaires neurologiques, psychiatriques et sanguins.

Ces antipaludéens peuvent interagir avec de nombreux médicaments couramment utilisés comme les antibiotiques ou les antidépresseurs.

Enfin, il faut attendre des mois pour les éliminer complètement de son organisme. » (3)

Un médicament que l’on ne pourrait probablement envisager que dans la mesure où les risques encourus par le malade seraient plus importants que les effets secondaires.

Sans oublier que le principe actif de la chloroquine, « le cœur » indispensable à sa fabrication, est généralement importé d’Inde ou de Hongrie, ne souhaitant pas, pour le moment, l’exporter. (4)

Si c’est un problème insoluble pour le seul fabricant historique français de chloroquine, en redressement judiciaire depuis des mois, cela semble moins inquiéter Sanofi, et quelques autres, se sentant prêts à « offrir » des millions de doses aux États-Unis. (4)

Quant au neem, il n’a, pour le moment, pas de meilleures raisons de venir à bout du Covid-19 que la chloroquine ou certaines huiles essentielles. (5)

Des huiles essentielles ciblées, ainsi que la chloroquine, ont été testées efficacement, in vitro, non pas contre le SARS-Cov2, mais généralement contre le SRAS et le MERS, avec une action très différente.

Tandis que concernant le neem, un seul de ses nombreux composants a été étudié efficacement, également in vitro, révélant une capacité à bloquer l’activité enzymatique du virus. (6)

Si le point commun du SRAS, MERS et SARS-Cov2 est d’être des coronavirus, rien ne prouve, à l’heure actuelle, que le même traitement puisse s’appliquer à tous les cas.

Bien que l’on puisse noter que des traitements identiques ont pu s’avérer efficaces, in vitro, contre le MERS et le SRAS.

Ce qui une fois de plus, ne prouve rien, dans la mesure où le séquençage de ce virus ne date que de quelque mois, et n’a été reproduit que dans une vingtaine de pays. (6a)

Le cas particulier du neem

Le neem quant à lui est un cas au moins aussi particulier que les huiles essentielles, il fait école pour tous les connaisseurs, les voyageurs, et les maraîchers.

Peu d’analyses officielles sont accessibles pour la simple et bonne raison qu’une véritable guerre, ayant duré plus d’une décennie, a opposé l’État indien et l’industrie américaine qui tentait de breveter une molécule synthétique dérivée du neem. (7)

Quant à son impressionnante versatilité, nous en avons déjà parlé dans mon précédent article, et nous en reparlerons certainement.

Qu’il ait été étudié pour ses vertus anti-microbienne (8), anti-virale (9), anti-diabétique (10), ou encore contre les bronchites infectieuses (11), entre autres, est une chose, cependant c’est surtout sa teneur en quercétine qui lui permet d’avoir des résultats positifs sur les tests relatifs aux coronavirus évoqués plus haut.

Cela étant dit, je ne saurais que trop vous conseiller d’éviter une automédication non avisée, et surtout concernant un virus encore peu connu.

Même si de nouvelles études montrent que le neem aurait une faculté antipaludéenne supérieure à la chloroquine (12), le Covid 19 n’est pas le paludisme.

Jean-Baptiste Loin

Malgré tout, m’en servant moi-même régulièrement pour réaliser des cataplasmes, en mélangeant la poudre de feuilles à un peu d’huile végétale, je vous laisse un lien à cet effet.

Quant à ceux ayant l’habitude de l’utiliser en complément de l’alimentation comme anti-diabétique, par exemple, n’oubliez pas qu’une consommation à trop long terme est déconseillée, qu’il ne convient pas à tous les types de diabète, qu’il est contre-indiqué aux femmes enceintes, aux personnes désirant avoir un enfant, aux enfants ainsi qu’à ceux étant allergiques aux noix de cajou.

Sources et références scientifiques :

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