Qu’est-ce que le Shiatsu ?

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Entretien avec Michel Odoul

Michel Odoul 8

« Shiatsu », en Japonais, signifie « pression des doigts ».

C’est une technique de travail manuel sur le corps.

On pourrait dire, d’une façon triviale, qu’il s’agit de massage, mais ce n’en est pas vraiment un parce qu’il n’y a pas de pétrissage ou de glisser comme dans les techniques classiques.

On travaille par pression des doigts sur ces lignes particulières du corps que sont les méridiens énergétiques, ou sur les points d’acupuncture, ou encore sur les axes articulaires et vertébraux.

Quelle est la place du Shiatsu dans le cadre des thérapies ?

Comme c’est globalement le cas pour la médecine traditionnelle chinoise, la visée de l’approche énergétique est ici principalement hygiéniste.

Il faut savoir qu’en Chine et au Japon les médecins étaient payés tant que les gens ne tombaient pas malades. Il y a donc là une dimension relevant d’une préoccupation de l’état de santé et non d’une lutte contre la maladie.

Le Shiatsu peut intervenir à deux niveaux :

  soit en tant que pratique hygiéniste récurrente au cours de laquelle on va chercher à entretenir l’état de confort et de santé,

  soit en tant que moyen thérapeutique ponctuel lorsqu’il y a eu des déséquilibres.

Il intervient donc dans tous les cas en tant que technique de rééquilibrage et de re-paramétrage d’un corps et d’une structure énergétique.

Mais il peut aussi constituer une assistance sur des traitements de pathologie, puisqu’à aucun moment il n’est en conflit avec les approches occidentales, que ce soit la médecine, la kinésithérapie ou l’ostéopathie…

Au contraire, il peut en être un excellent complément.

En ce qui concerne les actions plus spécifiques, les grands axes d’efficacité du Shiatsu sont :

  le stress et les problèmes nerveux tels qu’on les connaît dans nos modes de vie,

 

  les problèmes articulaires,

 

  les rhumatismes ou le mal de dos,

  et tout ce qui est fonctionnel au niveau organique.

 

Où se situe le Shiatsu dans la Tradition ?

Le Shiatsu est une technique de travail sur le corps et sur les méridiens qui est apparue vers le 12ème siècle au Japon.

Il est à la rencontre de deux techniques :

  le massage énergétique chinois, extrêmement élaboré et complexe,

  le massage Amma, le massage traditionnel du Japon, qui travaillait directement sur le corps.

Une des grandes qualités des Japonais consiste à savoir faire des synthèses en épurant.

Ils ont donc pris du massage chinois les traits essentiels qu’ils ont superposé à des techniques de Amma déjà connues, pour en tirer une technique qui s’appelle le Shiatsu.

« Shiatsu » est un terme générique, comme « Kung Fu ».

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il existe de nombreuses écoles.

Mais, dans le Shiatsu, l’aptitude du praticien est aussi fondamentale que la technique.

On ne peut pas considérer que c’est seulement un fait mécanique.

 

Qu’est-ce que l’énergie, selon les extrême-orientaux ?

Les anciens Chinois et les Orientaux étaient des pragmatiques, des gens qui ont considéré que, la vie étant bien faite, on pouvait déduire du macrocosme les lois et les systèmes qui régissaient le microcosme.

Ils ont constaté qu’il existait une possibilité de bi-polariser toutes choses, et qu’à partir du moment où ces pôles inverses – que l’on peut symboliser par le ciel et la terre ou le Yin et le Yang – étaient en équilibre, au plan psycho-physiologique cela donnait l’état de santé.

Alors que lorsqu’ils étaient en déséquilibre ou en conflit en résultait un état de maladie.

L’objectif de cette codification était de mettre en place les meilleures conditions pour que la libre circulation entre ces deux pôles extrêmes que sont le Yin et le Yang puisse se faire correctement.

Si on voulait utiliser un vocabulaire occidental, on pourrait, de façon triviale, schématiser en disant que le Yin est l’énergie densifiée jusqu’à la matière, et que le Yang est l’énergie non manifestée, non densifiée, que c’est l’essence des choses.

Le Yin se rapporte à la quantité, le Yang à la qualité.

Et dans une réalité humaine, le Yin correspond plutôt la dimension corporelle, et le Yang à la dimension spirituelle.

 

Que peut le Shiatsu pour notre bien-être physique ?

Les techniques de Shiatsu s’exercent sur la respiration de la personne et sur les méridiens d’acupuncture qui correspondent très souvent à des lignes musculaires ou à des axes articulaires.

Grâce aux pressions et aux re-lâchers, et à travers le fait respiratoire qui est associé à ces pressions, on va peu à peu diminuer l’intensité tensionnelle qui règne dans la zone douloureuse.

Il faut savoir que lorsqu’il existe une zone douloureuse, un grand pourcentage (60 à 70%) de la douleur est dû à la protection que nous mettons en place.

C’est parce que nous avons peur d’avoir mal et que nous voulons protéger la région douloureuse, que cette zone se met en tension et se contracte, et que l’état douloureux ou inflammatoire est maintenu en place.

Le Shiatsu solutionne cela progressivement, jamais en force… à tel point qu’il est quelquefois possible d’opérer sur une sciatique en pleine crise.

Après la technique d’étirement, on peut travailler sur les messages et les mémoires musculaires, sur les fascias, et ainsi libérer l’élément émotionnel tout en évacuant des mémoires de contractures.

Il y a des positions d’étirement qui peuvent même autoriser des repositionnements vertébraux ou articulaires dans le cas d’entorses.

 

Quelles techniques de diagnostic le Shiatsu emploie-t-il ?

La théorie du Shiatsu développe d’emblée que nous avons, aux niveaux abdominal et dorsal, des zones réflexe qui sont en résonance avec l’état d’énergie des douze méridiens organiques de base, et qu’en fonction de cela il est possible de procéder à une lecture du dos ou du ventre, qui va permettre de repérer les déséquilibres énergétiques.

Dans un deuxième temps, le Shiatsu se sert aussi des techniques d’objectivation de la médecine traditionnelle chinoise, c’est à dire la prise des douze pouls radiaux, et l’interprétation du visage, de l’œil, de la voix, de la posture…

 

Comment se déroule une séance ?

Une personne prend en général rendez-vous parce qu’elle a une souffrance organique, articulaire ou psychique.

Rares sont celles qui conçoivent la pratique du Shiatsu comme pouvant être un outil de confort.

Beaucoup viennent d’ailleurs après avoir essayé beaucoup d’autres choses.

La première partie de la séance, qui dure généralement une heure, est consacrée à une sorte de verbalisation.

On essaie de faire le point, de savoir qui est en face de nous. Qui est cette personne, quelle est son histoire, son passé médical, ses traitements éventuels, et la raison pour laquelle elle vient consulter.

Mais attention : dans cette technique de verbalisation nous ne rentrons absolument pas dans un travail de psychothérapie, mais plutôt dans une approche cognitive.

On conduit la personne à identifier les problèmes et on lui donne immédiatement l’autonomie pour qu’elle les gère par elle-même.

En d’autres termes, on lui donne quelques pistes de réflexions sur les raisons qui ont pu la conduire à la symptomatique qui est la sienne.

Et enfin on entre dans la deuxième phase de la séance pendant laquelle on se livre aux pratiques de Shiatsu sur le corps, avec éventuellement, en complément, l’utilisation de Moxas pour stimuler les points d’acupuncture en utilisant la chaleur.

En général, le traitement dure de deux à trois séances.

L’intérêt du Shiatsu, c’est qu’il n’y a pas besoin de faire trente séances. On sait tout de suite si ça fonctionne ou non.

 Propos recueillis par Jean-Baptiste Loin 

 

 

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