Le Covid-19 est-il anormalement stable ?

9
coronavirus-sars-cov2-mutation

Deux jeunes étudiants de l’École Polytechnique de Grenoble, encadrés par l’INRAE, ont récemment mis au point un site web permettant de comparer l’analyse génomique du Covid-19 avec d’autres virus ou… d’autres versions de lui-même.

En se focalisant sur les séquences codantes et régulatrices du virus pour gagner du temps lors de leurs comparaisons, des élèves d’à peine 21 ans ont découvert une apparente stabilité ne permettant pas au Covid-19 de muter rapidement.

Étonnés par un communiqué de presse annonçant « quelques bizarreries génomiques », nous avons interviewé l’un des concepteurs du logiciel afin d’y voir plus clair.

Jean-Baptiste Loin :
Xavier Pilastre Bonjour, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Réponses Bio s’il vous plait ?

Xavier Pilastre :
Bonjour,

Je suis Xavier Pilastre et, avec Guillaume Langlois, nous sommes en quatrième année de l’École Polytech de Grenoble dans la spécialité TIS, ou Technologies de l’Information pour la Santé.

Donc cela peut mener à des cours de multiligne, de biologie, tout ce qui va être relatif à la gestion d’un hôpital, etc.

Ça veut dire qu’on étudie un domaine d’expertise et de métier autant autour de la biologie par exemple, du secteur du médicament, du traitement, du soin, que du système de gestion hospitalier ou des techniques de traitement.

Donc c’est vraiment un diplôme très généraliste dans ce domaine.

JB.L.
Combien d’années d’études vous reste-t-il avant l’obtention de votre diplôme ?

X.P.
On est en quatrième année d’ingénierie, ce qui correspond au Master 1, c’est à dire l’avant-dernière année.

JB.L.
La presse a récemment reçu un communiqué de l’agence MCM indiquant que vous et votre collègue aviez mis au point, en collaboration avec l’INRAE, un projet de dernière minute permettant l’analyse du génome du Covid-19, pouvez-vous nous en dire davantage ?

X.P.
En France, dans les écoles d’ingénieurs, nous sommes obligés d’effectuer un stage à l’étranger pour valider notre diplôme.

Sachant qu’il y a eu la crise du Covid, ça a été annulé, et, dans la mesure où les travaux pratiques ne pouvaient pas être faits ailleurs que sur place, nous avons décidé de proposer notre propre projet.

Guillaume et moi avions un passif dans l’étude et l’analyse bio-informatiques avant de rejoindre cette école, se résumant tout simplement au traitement de données biologiques.

On l’avait déjà fait avant et on avait envie de compléter cette expérience en réalisant un projet lié à ça.

Nous avons donc décidé de proposer à l’École Polytechnique de l’Université Grenoble-Alpes un projet alliant la bio-informatique et la crise du Covid, en se basant sur l’analyse des informations existantes dans les banques de données actuelles, notamment NCBI avec GenBank et l’EMBL, qui sont respectivement les bases de données américaines et européennes contenant déjà des génomes de virus complètement séquencés.

Nous avons ensuite mis en place un Pipeline logiciel, c’est à dire une suite de logiciels s’enchaînant en formatant les données entre chaque script.

Pratiquement, nous avons codé plusieurs petits scripts reliés les uns aux autres pour pouvoir créer un site web permettant de faire une analyse complète.

Tout simplement.

JB.L.
Quelle est la participation de l’INRAE dans ce projet ?

X.P.
Nous avons été encadrés par Matthieu Reichstadt, ingénieur informatique de l’INRAE de Theix à Clermont Ferrand, qui nous a été d’une grande aide puisqu’il nous a permis de nous concentrer sur la partie algorithmique, nous offrant des clés pour ne pas nous éparpiller et rester concentrés sur le plus important.

Il n’est pas intervenu sur le fond, nous étions entièrement libres de faire ce qui nous plaisait.

Et je pense qu’il a été assez content de notre travail, qui par la suite pourrait bien être utile à l’INRAE.

JB.L.
Vous aviez prévu de céder ce logiciel à l’INRAE ?

X.P.
En fait on n’avait pas le choix, mais c’est logique, un peu comme si on avait fait un stage.

Et l’école, comme pour tous les travaux réalisés par la promotion, a décidé de mettre le logiciel à disposition des élèves.

JB.L.
Quelle est votre connaissance des virus ?

X.P.
Alors Guillaume et moi sommes arrivés dans cette filière d’ingénieur parce que nous avions tous deux eu des parcours différents avant.

Par exemple, en ce qui me concerne, j’ai fait un DUT de bio-informatique dans lequel nous avons eu énormément de cours consacrés aux sciences omiques, à savoir toutes les sciences touchant au génome.

Le traitement ADN, la compréhension du génome, la manière dont il existe chez différents êtres vivants.

Sachant que les génomes ont des caractéristiques vraiment différentes d’un être vivant à l’autre.

JB.L.
Pouvez-vous nous expliquer plus en détails en quoi l’étude des génomes peut avoir un lien avec la compréhension d’un virus et de ses mécanismes ?

X.P.
En fait un virus c’est littéralement un génome.

Si on remonte à la base du virus, on a tout simplement une cellule qui a besoin d’un hôte en utilisant sa machinerie cellulaire pour reproduire son ADN, et toutes les protéines dont il a besoin afin de se protéger et infecter un nouvel hôte.

En fait ce n’est ni plus ni moins qu’un combat permanent pour la survie des deux parties.

Si ce n’est que le virus va avoir tendance à se reproduire autant que possible jusqu’à ce que la cellule ou la bactérie hôte éclate.

Et pourquoi est-il intéressant d’aller regarder du côté de l’ADN ?

Parce qu’en fait le virus utilise la machinerie cellulaire pour dupliquer son ADN et le réimplanter dans un nouveau corps, un corps enfant en quelque sorte.

Et si l’on connait l’ADN d’un virus on peut tenter de le modifier, notamment avec une technologie française du nom de CRISPR/Cas9 (1) permettant d’aller modifier directement des parties du code génétique de n’importe quelle cellule.

Si on arrive à savoir quel est l’endroit essentiel permettant la survie du virus et qu’on le supprime avec cette technique, en le remplaçant par un bout de code génétique inutile, on rend le virus inopérant.

Ce qui permet notamment de l’étudier différemment, de créer des vaccins, de créer des réactions différentes, etc. etc.

Ce n’est jamais mauvais de connaitre un génome, puisqu’un génome c’est en quelque sorte le code expliquant pourquoi la vie fonctionne, ce qui lui est nécessaire pour fonctionner.

JB.L.
Est-ce que tous les virus disposent d’un ADN ?

X.P.
Non, d’ailleurs ce n’est pas le cas du Covid, le Covid-19 est ce que l’on appelle un rétrovirus, comme par exemple le sida.

Un rétrovirus a besoin de rétro-transcrire son ARN négatif en ADN avant de pouvoir exploiter la cellule hôte et donc de suivre son cycle de survie.

JB.L.
Si j’ai bien compris vous avez comparé le Covid-19 véhiculé par le SARS Cov-2 avec la grippe espagnole, le VIH, la grippe H1N1. Avez-vous tenté de comparer ce nouveau SARS-Cov-2 avec un coronavirus plus ancien par exemple ?

X.P.
Il y a probablement différentes souches de SARS-Cov, mais je ne les ai pas particulièrement étudiées, la seule que nous ayons étudiée est le SARS-Cov-2.

On a travaillé uniquement sur les virus qui se trouvaient déjà dans la base de données, à savoir le dernier SARS-Cov-2.

Et si nous nous sommes intéressés à le comparer à des virus comme le sida, c’est parce que ce sont aussi des rétrovirus.

Nous ne sommes que des étudiants et nous n’avons pas la science infuse, nous n’avons pas non plus la prétention de révolutionner le monde.

Pour faire simple on a utilisé le principe d’un outil qui s’appel le BLAST, pour Basic Local Alignment Search Tool, qui permettait déjà d’aligner des séquences pour vérifier si elles n’ont pas des choses en commun.

Donc on a repris ce principe et on l’a refait en supprimant des données de recherche.

Et cela essentiellement pour accélérer le temps de recherche, parce que plus on va vite plus on peut traiter de données.

En l’occurrence, au lieu de comparer tous les génomes entre eux, on a décidé de comparer uniquement les parties codantes des génomes, que l’on appelle les CDS pour Coding Sequences.

Avec cette nouvelle méthode vous pouvez rapidement comparer deux génomes en relativement peu de temps avant d’obtenir un score relatif au degré de similitudes des deux génomes.

Ce qui permet de savoir plus rapidement lorsqu’il est intéressant de creuser et d’aller chercher d’autres choses.

Sur cette base nous avons observé quelques résultats, dont on parlera peut-être plus tard, mais qui sont à prendre avec des pincettes.

Bien que Mr Reichstadt, notre maitre de stage de l’INRAE, nous ait confirmé que ça avait un peu de sens, ça reste un travail d’étudiant.

JB.L.
Ce n’est pas validé scientifiquement par vos pairs, si c’est ce que voulez dire.

X.P.
Nos résultats sont scientifiquement valables mais nous n’avons pas cherché à les faire valider par nos pairs.

Notre but ayant essentiellement été de concevoir un outil qui fonctionne et qui soit capable de s’adapter instantanément aux besoins de l’utilisateur.

JB.L.
Avez-vous pensé à démocratiser cette solution, à proposer un travail participatif pour affiner son développement ?

X.P.
Le problème c’est que le participatif se trouvera dans le domaine public, et je pense être bien placé pour vous dire que le domaine de la recherche biologique en France peine à trouver des financements dans le public, et en bio-informatique c’est encore pire.

L’avenir de la bio-informatique et de la biotechnologie est clairement dans le privé.

Et le privé ne veut pas de travail participatif, parce que ça veut dire qu’il faut partager les gains et ça ce n’est clairement pas négociable pour eux.

JB.L.
Dans le communiqué de presse reçu à la rédaction de Réponses Bio, quelques « bizarreries » à propos du Covid-19 étaient mentionnées.

« Bizarreries » concernant sa différence avec d’autres virus et sa capacité de mutation semblant quasi nulle, qui n’ont pas manqué de me surprendre.

Bien qu’elles soient le fruit d’un travail d’étudiant non validé par la communauté scientifique, pouvez-vous nous livrer le résultat de vos observations ?

X.P.
Après avoir comparé une souche américaine et une autre européenne ayant quelque chose comme trois semaines de décalage, nous avons trouvé 98% de similarité.

Ce qui veut dire que c’est exactement le même virus.

Parce qu’en fonction de la technique d’assemblage les 2% restants sont considérés comme des erreurs de séquençage du génome.

Bien que ce ne soit qu’une réflexion d’étudiant, à mes yeux, ce que cela signifie d’un point de vue génétique, c’est qu’habituellement les virus mutent beaucoup.

Passant d’hôtes en hôtes, chaque hôte apportant sa pierre à l’édifice de l’évolution d’un virus, chaque personne étant différente il est généralement très difficile de retrouver exactement la même souche virale.

Et compte tenu du fait que l’échantillon de Covid que nous avons analysé a dû se balader sur un certain nombre d’hôtes avant d’atteindre les États-Unis, génétiquement, c’est un virus qui semble très stable.

JB.L.
Qu’est-ce que vous évoque cette stabilité ?

X.P.
Alors un virus stable ça m’évoque une bonne nouvelle, ça veut dire que si un médicament ou un vaccin est trouvé il a de grandes chances d’être efficace longtemps.

JB.L.
On s’en doute, mais trouvez-vous normal qu’un coronavirus dont on connait habituellement la forte capacité de mutation puisse subitement connaître une telle stabilité ?

Qu’est-ce que cela vous évoque, non pas sur le plan thérapeutique, mais par rapport au virus lui-même ?

X.P.
Je pense que la nature peut nous surprendre et créer n’importe quoi.

Ce n’est pas parce que le Covid 19 contient 12 CDS contre 1 seul CDS dans la plupart des virus, ce qui est également vrai, que je peux déduire qu’il est artificiel, je n’en sais rien.

JB.L.
Alors pourquoi la plupart des spécialistes s’attendait à une importante mutation du virus ?

X.P.
Parce que la plupart des virus que nous avons rencontrés ces dernières années mutaient tous très vite.

JB.L.
C’était pourtant également des coronavirus.

X.P.
Peut-être, mais il faut croire que cette forme-là ne veut pas muter.

Personnellement, bien que ce soit très dur, j’essaye toujours d’éviter de me baser sur un précédent lorsqu’il y a une découverte.

Bien que la recherche et la vie soient assez cycliques.

Ce que je veux dire c’est que la forme précédente mutait beaucoup, mais celle-ci non.

C’est comme pour le sida par exemple, si on ne l’attaque pas il ne mute pas, là c’est pareil.

Le but de chaque virus étant de conserver sa propre méthode de reproduction et d’infection.

JB.L.
Pouvez-vous nous parler des comparaisons que votre logiciel vous a permis de faire ?

X.P.
Si on compare le rhinovirus et le Covid-19 on est respectivement à 9 000 paires de bases contre 29 000 paires de bases, c’est à dire à peine un tiers du matériel génétique du Covid-19.

Et la grippe A c’est 2 200 paires de bases, donc on est sur un rapport complètement démesuré.

Mais avant cela, ce que le logiciel met en avant c’est qu’il y a un maximum de 38% de similitude dans les parties codantes du VIH, de la grippe espagnole, du H1N1 et du rhinovirus avec le SARS-Cov-2, sachant que pour des chaînes nucléotidiques aléatoires la similitude tend vers les 25%.

Après, qu’est-ce que ça signifie, je pourrais bien formuler des hypothèses, mais par contre je ne pourrais arriver à aucune conclusion.

En revanche entre les mains d’un biologiste ce genre de données peut être utile.

JB.L.
Qu’indique le fait que le Covid-19 contienne plus de paires de bases que tous les virus que vous ayez observés auparavant ?

X.P.
Cela signifie que génétiquement parlant il est plus complexe, et que, s’il contient des séquences régulatrices, il est plus stable.

Aussi, normalement, plus il est grand plus il y a d’erreurs de transcriptions possibles.

Et plus il y a d’erreurs, plus il y a de chances de trouver des failles qu’un médicament ou un vaccin pourra exploiter.

Après, est-ce que je peux aller plus loin sans dire potentiellement une bêtise, je ne pense pas, sachant qu’il existe des virus avec bien plus de paires de bases.

C’est à dire que je ne peux pas affirmer à partir de ces résultats que c’est un organisme trop complexe pour que la nature l’ait fait.

JB.L.
Vous avez sans doute entendu parlé de la polémique qu’a déclenché le Professeur Montagnier, connaissant pourtant bien le sida pour avoir participé à sa découverte, convaincu par les recherches de ses collègues, eux-mêmes spécialisés dans le décryptage de l’ADN et du génome humains, qui déclarent, pour reprendre leurs mots exacts, avoir constaté un travail d’horloger derrière l’architecture de ce virus.

Précisant qu’il intègre dans son séquençage plusieurs parties de code du VIH, de l’herpès…

X.P.
Je n’irai pas jusque là parce que je n’ai aucune légitimité à en parler.

Le seul truc que je peux vous dire c’est que j’ai été surpris en faisant mes recherches.

Parce qu’effectivement j’ai trouvé un grand virus, complexe, il y a généralement une grande similitudes des virus entre eux, mais le Covid, lui, leur est pourtant peu similaire, j’ai trouvé qu’il était très stable génétiquement, j’ai trouvé beaucoup de choses.

Moi personnellement j’ai un avis, est-ce qu’il a une importance, pas du tout.

Je ne sais pas si c’est un travail d’horloger, s’il est artificiel ou pas, la seule chose que je peux en dire c’est que j’ai été surpris d’avoir eu ces données-là entre les mains et de me rendre compte de la complexité de ce virus en seulement quelques lignes de code.

C’est surtout ça qui me surprend, après est-ce que je suis légitime à interpréter ce que j’ai vu, pas vraiment parce que je ne suis pas biologiste, je suis bio-informaticien.

Et le bio-informaticien doit juste savoir si ce qu’il a obtenu a du sens, il n’est pas censé savoir quel sens lui donner.

C’est pour ça que je ne peux pas vous donner mon avis final, parce qu’en fait mon avis final ne compte pas, tout simplement.

JB.L.
Votre avis ne compte pas pour vos professeurs, peut-être, pour la communauté scientifique, peut-être, mais à mes yeux il a un certain sens, j’aimerais le connaitre si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

X.P.
Personnellement je pense que ce virus cache quelque chose.

Qu’il soit artificiel ou pas je n’en sais absolument rien.

Encore une fois, la nature peut nous surprendre de tellement de manières.

Mais effectivement on retrouve beaucoup de séquences artefact dedans, sans pour autant que ce soit si présent que ça.

C’est à dire que c’est bien articulé, et que c’est effectivement un virus très complexe.

Ce qui surprend c’est le nombre de CDS qu’il fait, il y a 12 CDS proposés par les bases de données.

Ce qui signifie que ce sont des résultats validés scientifiquement.

Dans la plupart des virus que j’ai étudiés, il n’y en a qu’un seul.

Ce qui veut dire qu’il y a au moins douze protéines, et sur ces douze protéines il y a au moins douze parties codantes dans le génome.

Ce qui est assez impressionnant je dois dire.

JB.L.
Est-ce que ces observations pourraient expliquer le fait que le virus semble rester dormant dans l’organisme ou se représenter chez un porteur ayant apparemment été guéri ?

Est-ce qu’il y aurait, à vos yeux, quelque chose de significatif dans ces corrélations ?

X.P.
Je n’en sais franchement rien, ce que je dirais pour ceux ayant déjà été infectés, c’est que l’organisme n’a pas eu le temps de s’habituer au virus avant d’être ré-infectés.

De toute façon, je suis assez confiant dans la science, je pense qu’un jour on va s’en dépatouiller.

Ça a été prouvé maintes et maintes fois, et la plupart des épidémiologistes s’accordent à dire qu’un virus ne peut pas tuer l’humanité.

ll y aura toujours un porteur sain.

Si demain tout le monde est contaminé par le Covid, l’humanité ne s’éteint pas, ça c’est certain.

Je veux dire qu’il y a eu deux personnes qui ont vaincu le virus du sida, et elles font partie des personnes les plus génétiquement analysées de la planète.

C’est encore plus intéressant à étudier le sida, il y a vraiment un mécanisme malin derrière ce truc, c’est vraiment incroyable.

Là aussi ça parait presque invraisemblable de se dire que la nature a fabriqué un truc pareil.

JB.L.
Ça paraît effectivement assez invraisemblable.

Justement, à propos du sida, on sait que c’est un rétrovirus et à la lueur de vos explications on réalise que le Covid-19 est également un rétrovirus.

Qu’est-ce qu’un rétrovirus ? Qu’a-t-il de différent avec un virus habituel ?

X.P.
En fait la seule vraie différence entre un rétrovirus et les autres virus, c’est qu’un rétrovirus va utiliser toute sa machinerie là où un autre virus ne va utiliser qu’une partie de sa machinerie cellulaire.

Mais cela ne signifie pas pour autant qu’un rétrovirus est nécessairement plus méchant qu’un autre, c’est juste une méthode d’infection particulière.

Ce qui compte c’est son génome et ses symptômes.

Ensuite ni moi, ni Guillaume, qui a quand même pratiquement développé la partie code et web du logiciel à lui seul, ni évidemment notre maître de stage de l’INRAE, que j’en profite pour remercier pour ses conseils et son soutien, ne souhaitons être alarmistes.

JB.L.
Ici il n’est question pour personne de créer une polémique, mais bien de comprendre.

Si des théories contradictoires ayant de la consistance s’opposent, il est naturel de les analyser chacune impartialement.

Sachant que nous vivons dans un contexte où de nombreuses informations sont tronquées dans le but de préserver des enjeux financiers, il est important que la participation de chacun amène la majorité à y voir clair.

Sachant que nous pourrions faire d’énormes erreurs en agissant inconsciemment face à quelque chose que nous ne comprenons pas.

X.P.
Bien sûr, et de toute façon si l’on veut parler de l’apport humain sur ce virus, il existe, tout simplement parce que depuis que l’humain est sur Terre il a apporté sa contribution à absolument tout ce qui l’entoure.

C’est le principe même de l’évolution.

JB.L.
Oui, mais là nous parlons vraiment d’ingénierie, l’interdépendance de tous les êtres vivants est évidente.

X.P.
Même en termes d’ingénierie on est obligé de prendre en considération chaque facteur, parce que si une variable arrive dans l’équation elle change toutes les valeurs.

Et surtout lorsqu’on parle de biologie, on est toujours obligé, ou presque, de revenir à l’origine du monde.

C’est vertigineux de se rendre compte à quel point tout est lié.

Par exemple, il y a 60% de notre génome qui est lié à E.coli, c’est quand même quelque chose d’incroyable !

E.coli est une bactérie vieille comme l’univers.

Je vous donne un exemple totalement fictif permettant d’illustrer ce que je veux dire, si demain je m’amuse à faire tourner notre logiciel pour comparer le Covid avec le génome humain, il y a de fortes chances pour que je trouve quelque chose d’assez commun.

S’il y a, par exemple, plus de 5% de similitudes, ça signifierait que l’humain a eu une influence sur le Covid, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il l’a créé.

JB.L.
Je ne peux qu’être d’accord avec vous, cependant la question qui se pose actuellement est de savoir si l’être humain, par inadvertance ou sciemment, a pu influencer l’équilibre naturel du monde viral par le biais de ses différentes expériences.

La but de ces questions n’étant pas de créer un phénomène de peur, bien au contraire, nous savons à quel point la peur est mauvaise conseillère.

Toujours est-il que, vous êtes bien placé pour le savoir, ce type d’ingénierie pourrait changer radicalement cet équilibre naturel que vous venez d’évoquer, aussi ancien soit-il.

À partir du moment où, en plus de cet équilibre naturel, une forme d’ingénierie humaine peut participer à ce que l’on appel l’effet papillon… malheureusement, je doute que la science en ait une compréhension assez vaste pour percevoir toutes les ramifications et tirer des conclusions sur les conséquences possibles.

Or, depuis l’époque du nucléaire, le principe de précaution prévaut à toutes ces expériences.

X.P.
Selon moi l’homme est un animal faisant partie de la nature, et tout ce qu’on fait, par définition, c’est la nature.

Et oui, on l’influence, mais on l’influence de la même manière que n’importe quel être vivant l’aurait influencé s’il avait atteint le même degré d’évolution que nous.

D’ailleurs on est pas si évolués que ça.

Je veux dire, si on veut parler de quelque chose qui a évolué et qui influence la nature d’une manière formidable, on peut parler de tout ce qui est plus vieux que nous.

Tout ce qui est plus vieux que nous par définition, c’est plus évolué.

JB.L.
Oui, mais peut-être aussi plus sage d’une certaine manière.

X.P.
Peut-être.

JB.L.
D’aucuns diraient que l’humanité se trouve encore à un stade infantile à bien des égards, or un enfant ne peut pas se permettre de toucher à tout sans garde-fou, ne serait-ce que dans la mesure où il pourrait se blesser lui-même.

Il n’y a d’ailleurs pas d’autre sujet, on se doute que la planète, le macrocosme en général, est bien plus vieux que l’humain et lui survivra probablement.

En revanche si un enfant joue avec des outils qui ne sont pas de son âge, il prend un grand risque.

X.P.
C’est vrai qu’avec la modification de notre environnement, qu’elle soit naturelle ou non, on voit de nombreuses espèces animales arriver à des comportements auto-destructeurs, alors pourquoi pas nous ?

Mais là on est dans une grande parenthèse plutôt philosophique.

Mais c’est marrant la philosophie, ça casse la tête.

JB.L.
Et quand la tête est « cassée » par la philosophie, en général, c’est le bon moment pour observer.

X.P.
Effectivement.

En tout cas mon avis personnel n’est pas tranché, il est simplement factuel.

On a eu l’intention, à notre niveau, d’aider la recherche et les gens, mais ça s’arrête là, il n’y a pas grand chose à en dire.

Tout ce que je note c’est que j’ai remarqué quelque chose d’inhabituel par rapport à ce qu’il m’a été donné d’observer.

JB.L.
Et vous n’avez ni la volonté, ni vocation à poursuivre ces observations ?

X.P.
Oui et non, c’est à dire que là tout de suite non, si l’école me fait retravailler dessus ce sera avec plaisir, si l’INRAE me demande de retravailler dessus ce sera avec plaisir…

Mais sinon, en gros, je suis embauché par quelqu’un d’autre et je fais un travail similaire.

Voilà c’est à peu près comme ça que ça se passe.

Rires.

L’année prochaine je pars en alternance dans une entreprise dans laquelle je vais faire encore de l’analyse génétique et de la création de logiciels.

JB.L.
Quel type d’entreprise si ce n’est pas indiscret ?

X.P.
Je crois que je ne m’avance pas trop en disant que c’est dans l’industrie pharmaceutique.

JB.L.
Je suis persuadé que vous allez briller dans votre domaine.

X.P.
Je l’espère ! C’est gentil.

JB.L.
Xavier Pilastre, merci de nous avoir accordé cette interview.

X.P.
Ma foi, de rien, et n’oublions pas de remercier Guillaume Langlois, qui a administré le serveur et pris en charge la partie code du logiciel.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Loin

Référence :

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cas9

Pour soutenir Réponses Bio et nous permettre de rester un media indépendant, RDV sur notre page Tipeee en cliquant sur ce lien.

S’abonner
Notification pour
WordPress » Erreur

Il y a eu une erreur critique sur ce site.

En apprendre plus sur le débogage de WordPress.