Le « business de la santé naturelle » et le monde moderne

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business de la santé naturelle et lobbies

Le mois dernier, le journal Le Monde a publié un article entendant démêler le vrai du faux à propos de la législation actuelle sur les huiles essentielles, et de la récente pétition dont un des slogans est « Menace sur les huiles essentielles ».

Entre les blogs, les quotidiens, les pro et anti santé naturelle, on ne sait plus qui a raison et qui a tort.

Or, dans la mesure où j’ai pu apprécier l’évolution de ce milieu depuis les années 80, ainsi que les réactions du gouvernement et des lobbies protégeant jalousement leur marché, je vous propose une petite rétrospective.

N’en déplaise au « business » de la bio et de la santé naturelle, tout autant qu’à celui de la santé officielle, je vais vous dire ce que je sais à leur sujet.

Alors qu’une loi sur « le secret des affaires » contraignant la liberté de la presse vient d’être votée, il me semble plus que jamais opportun de faire notre métier en vous informant librement.

Des professionnels aux particuliers

Avant d’aborder plus en détail la pétition critiquée par Le Monde semblant effectivement obscure à beaucoup, parlons de l’évolution de la santé naturelle en France.

Il y a environ un demi-siècle est née une nouvelle formule qui conditionnera bientôt tout l’Occident : « la communication ».

Perspective enfantée par deux concepts propres à la politique comme à la consommation, à savoir respectivement « la propagande » et « la publicité ».

Ainsi, par exemple, un documentaire montre comment François Mitterrand qui, si l’on en croit ses propres mots, fut « le dernier des grands présidents », a fait appel à une nouvelle technique de marketing qu’il a lui-même participé a dessiner avec Jacques Pilhan et Jacques Séguéla.

Cette méthode inédite consistait bel et bien à vendre, cependant il n’était plus question d’un bien ou d’un service, mais d’un personnage, un homme politique.

Suivant leur feuille de route strictement scénarisée, Mitterrand apparaissait en public dans certains lieux, à certains moments et d’une certaine manière, avec l’objectif bien précis de « paraître » et de « séduire ».

Le faisant élire, et réélire.

Et les habiles techniques de cet homme de pouvoir avisé furent bientôt récupérées par les Américains et les Russes, avant de faire le tour du monde.

Il apparut finalement à tous les gouvernements que vendre un président aux électeurs aussi facilement qu’un détergent, était inespéré.

Plus besoin de dictature, inutile d’immoler sur la place publique ou de mettre à l’ombre pour toujours, lorsque le pouvoir est en mesure d’habituer au pire.

Ainsi, si Mitterrand avait une conception très personnelle de la liberté, ceux qui l’ont suivi étaient chacun leur tour un peu plus esclaves des financements, jusqu’à atteindre des paroxysmes que l’on croyait il y a encore peu être l’apanage des romans de science-fiction.  

C’est d’ailleurs sans doute un des aspects qu’il avait pressentis lorsqu’il déclara qu’après lui, plus un seul président ne serait digne de la confiance du peuple.

Etait-il lui-même digne de cette confiance ?

Je ne le sais, en revanche sa prédiction s’est bel et bien avérée.

En aurait-il lui-même couché les bases afin de s’assurer qu’après lui, le déluge ?

Toujours est-il que les principaux actionnaires des campagnes présidentielles du monde entier se révèlent être la plupart du temps des lobbies du pétrole et de l’industrie pharmaceutique, quand ce n’est pas des armes à feu, tant il arrive que ces fructueuses entreprises puissent ne faire qu’une.

Ce qui contribua à finir le couronnement d’un système appelé « société de consommation », où il n’y a plus que des professionnels vendant aux particuliers n’ayant d’autre choix, à petite ou grande échelle, que de participer à vendre et consommer.

Ce qui implique qu’indifféremment votre rôle dans la société, que nous soyons comptable, horloger, homme politique ou boulanger, nous coopérons tous, directement ou indirectement, avec cette société de consommation se consumant de l’intérieur.

A moins que justement nous consommions et vendions… différemment.

La loi du marché

Dès lors, même les lois semblent faites pour contrôler et orienter le cours du marché.

C’est à dire que dans ce pseudo climat de liberté, la consommation est orientée entre divers interdits ou services s’évertuant à uniformiser leur domaine.

« Des lois restrictives, réduisant notre liberté comme peau de chagrin » disait Sylvie Simon lorsque nous l’avions interviewée peu avant sa disparition.

Mais naturellement, il existait, et il existera probablement toujours, de petits groupes de libres penseurs.

Etre libre de penser, de consommer et de vivre autrement n’est pas une position sociale, mais un état d’esprit.

Alors que l’industrialisation de masse commençait à dicter ses lois, journalistes, éditeurs, cinéastes, photographes, philosophes, artisans, thérapeutes et même médecins, se sont spontanément mis à agir, et ce dans le monde entier.

Pourtant, force est de constater que le jugement de la grande majorité des individus était obscurci par un conditionnement bête et méchant.

En d’autres termes, il fallait de plus en plus, et selon cette logique il faudra sans doute toujours, se plier aux exigences de l’Etat, donc de ceux ayant investi dans les hommes politiques du moment, pour ne pas être exclu de la société.

Les « nantis » de la santé naturelle

Tout d’abord, à l’époque où je publiais mes articles dans un des tout premiers magazines de santé naturelle, c’était un sport de l’extrême.

Comme dans toute publication depuis les années 40, une bonne partie du chiffre d’affaire provenait de la publicité, l’autre des ventes en kiosques et abonnements.

Chiffre d’affaire permettant aux éditeurs sérieux, et je suis tout à fait certain que c’était le cas de Gérard Sakon, de réinvestir les bénéfices dans des articles, donc des auteurs, faisant à mes yeux partie de l’élite de leur époque.

On y rencontrait notamment André Roux, qui fonda la toute première revue de naturopathie, mais aussi :

  le Dr Jean-Pierre Willem, dont la réputation n’est plus à faire,

  le Dr Louis de Brouwer, spécialiste des pollutions médicamenteuses,

  le Dr François Maillé, psycho-homéopathe de génie,

  le Pr Jean-Marie Danze, spécialisé dans les pollutions électromagnétiques,

  le chercheur en sciences humaines Alex Vicq, spécialiste des nouvelles technologies vertes,

  l’ancien rédacteur en chef du Canard enchaîné Dimitri Davidenko,

  le spécialiste de l’énergétique chinoise et des arts martiaux Georges Charles,

  l’importateur de la première et véritable huile de rose musquée du Chili et spécialiste des huiles grasses Maximilien Bustos,

  l’ancien chercheur au CNRS Jean-Francois Brochard,

  ainsi que des dizaines d’autres dont les qualités étaient complémentaires.

Tout ce petit monde, ainsi que les premiers agriculteurs bio et la plupart des acteurs commerciaux, n’étaient pas des nantis mais plutôt des précurseurs, souvent sans le sou, offrant des alternatives et des solutions aux cas les plus désespérés.

Il aura fallu attendre près de vingt ans, mais à partir de l’an 2000 la grande majorité des pays occidentaux ont commencé à faire leur mea culpa et à changer de cap.

Tout d’abord sur le plan écologique, puis, comme personne ne pouvait ignorer que tout est lié, sont venues l’alimentation et la santé.

Ce qui a largement profité à certains et éveillé l’intérêt des autres.

Les magasins bio et remèdes naturels commencèrent à pulluler, mais progressivement l’industrialisation s’est immiscée, bien qu’en mettant de l’eau dans son vin, jusque dans les marques bio les plus anciennes.

C’est ainsi que :

  la marque Bonneterre fut rachetée par le groupe Panzani,

  le laboratoire Boiron par une firme pharmaceutique, rendant les dilutions de piètre qualité…

Et ainsi de suite, jusqu’à ne laisser qu’une poignée d’indépendants conservant des procédés authentiques où le savoir-faire prime vraiment.

Il est donc vrai, comme le font remarquer de nombreux lecteurs de Réponses Bio, que les médecines naturelles sont l’apanage de nantis.

Avec acharnement les plus gros lobbies  tentent de faire disparaître ceux proposant des solutions qui soignent et sauvent des vies.

Pourquoi ?

Parce que c’est à ce prix qu’ils entendent détenir le nouveau marché de la bio et de la santé naturelle, le rendant aussi inefficace que possible, afin de relativiser la toxicité des médicaments de synthèse et produits industriels.

Il sera alors et il leur est déjà extrêmement facile d’ajouter ou de modifier des lois et des labels, de-ci de-là, pour s’assurer de continuer à détenir le pouvoir qu’ils possèdent actuellement.

Mais que se passera-t-il si les anciens laboratoires éthiques deviennent les nouveaux lobbies ?

Lobbies contre lobbies

Depuis, il n’est pas rare de voir la transformation de commerces de santé naturelle en groupes de presse numérique, comme de tout petits fabricants consciencieux en super géants désirant toujours plus.

Eux-même aveuglés par la loi du marché, ils s’écrasent les uns les autres et se font une concurrence toujours plus déloyale, facilitant l’uniformisation programmée.

La DGCCRF, l’ANSM ainsi que tous les autres organismes régulant la consommation de la santé naturelle et la bio, peuvent être financés par des industriels visant une marque reconnue pour sa qualité et son sérieux afin de permettre son rachat. 

Et par ailleurs les banques et systèmes monétaires étiquettent les remèdes naturels comme des produits à risque, compliquant considérablement leur vente.

Une pétition de trop

Ce qui nous amène aux mouvements sociaux, journalistes indépendants et pétitions visant à défendre ou à promouvoir les thérapies naturelles.

Depuis que nous ne sommes plus un micro univers de passionnés et d’érudits, les pistes se sont brouillées, même pour les plus avertis.

Ce qui implique que les faux-semblants et les informations diffamatoires dans les médias et sur les réseaux sociaux sont devenus monnaie courante.

Ainsi, comment dire si une pétition lancée par une source dissimulant ses informations légales est vraiment l’élan d’humanistes ou le nouveau levier marketing de tel ou tel lobby, que ce soit dans le synthétique ou le naturel, la bio ou l’industriel ?

Il est même probablement possible que pour mieux discréditer ce que l’on appelle aujourd’hui les lanceurs d’alertes, de vraies fausses pétitions soient lancées à des fins politiques, vendant et rachetant des adresses d’utilisateurs afin d’amplifier certains réseaux d’influence.

Les conseils de santé naturelle

Récemment un géant de la santé allopathique sur internet a transformé son site en l’orientant de manière ostentatoire vers la santé naturelle, ebook de conseils de santé naturelle à la clé.

On peut dire que comme pour certains laboratoires de santé naturelle ou les hypermarchés bio, la presse spécialisée est partiellement devenue un lobby.

Comment fonctionne-t-il ?

Eh bien grâce à la communication naturellement. 

Par exemple, nous avons nous-mêmes été sollicités par l’agence de communication de la société R.B. vendant des boissons énergisantes industrielles, pour « parler » de leur nouvelle formule paraît-il bio.

La somme qu’ils nous proposaient en contrepartie aurait suffit à continuer notre beau métier sans plus se soucier d’aucun impératif financier, mais nous ne pouvions décemment accepter de raconter des inepties à propos d’un produit que nous savons nocif sans même avoir besoin de lire sa composition.

Peu de nos confrères auront le même réflexe, et encore moins chercheront à faire le tri.

Et si Panzani souhaite faire passer un message bien particulier à travers ses marques bio sous-marines, il lui suffira de payer une campagne de communication dans des medias incompétents ou acceptant ce type de compromis. 

Effectivement, si nous souhaitons être libre de nous soigner, nous alimenter, habiter, bref de vivre différemment, il est nécessaire de comprendre que la consommation s’incline devant chaque centime dépensé avec discernement. 

 Jean-Baptiste Loin 

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