Suite à la demande de Louise, nous ayant généreusement offert son soutien sur notre plateforme participative, le présent article est dédié à l’étude de la Start-Up Prognos, commercialisant une intelligence artificielle lancée par les institutions financières les plus puissantes de New York, dont le rôle est la gestion de données personnelles médicales et l’autosurveillance.
Derrière les bienveillantes intentions affichées par le CEO de « Prognos », sa récente fusion avec « Datavant » soulève un débat éthique fondamental portant aussi bien autour de la place de l’IA dans la société, que celle de la médecine.
A qui l’autosurveillance de santé est-elle destinée à profiter le plus ?
Et surtout, jusqu’à quel point ce profit peut-il s’avérer être au détriment des malades ?
L’histoire de l’industrie pharmaceutique moderne sera-t-elle représentative de ce que nous propose le futur de la médecine ?
Au lieu de répondre à ces questions les acteurs de Prognos tentent de focaliser l’attention du public sur les miracles de la science, tout en dissimulant leur gloutonnerie derrière des arguments destinés à mettre tout le monde d’accord :
« Nous allons faire reculer la maladie et le cancer dans le monde en détectant le mal avant qu’il surgisse. »
A leurs yeux, la collecte de Data, comprendre ici données personnelles d’utilisateurs, patients d’hôpitaux et internautes… est nécessaire pour recouper les informations.
Biais par lequel une intelligence artificielle sera en mesure de délivrer des médicaments, prendre rendez-vous à l’hôpital, planifier une chimiothérapie « préventive », ou encore s’assurer que les petits et les grands n’aient pas manqué les derniers vaccins en vigueur dans leur pays.
Non, ceci n’est pas une nouvelle de science-fiction, mais bel et bien l’actualité entrepreneuriale des plus puissants groupes financiers américains en 2019.
La guerre des Data
Certains philosophes, anthropologues et hommes politiques, ne cessent de faire remarquer que, depuis l’apparition du net 2.0, nous sommes entrés sans le savoir dans une guerre de l’information et des données.
D’ailleurs le terme Data, signifiant données, est récurrent dans les propos du jeune CEO de Prognos, se plaisant à être présenté comme un « serial entrepreneur focalisé sur l’amélioration de la santé par le biais de la technologie ».
Une guerre des données, pour ceux comprenant la langue de Shakespeare, ayant apparemment commencé en 2007 avec le projet Prognos, qui détient aujourd’hui plus de 24 billions de dossiers médicaux et traite plus ou moins directement 200 millions de patients.
Néanmoins Prognos semble, dès sa naissance, avoir profité d’une ancienne alliance entre les institutions de santé et « Medsite », dont Sundeep Bhan, à la tête de Prognos, était déjà l’un des co-fondateurs.
Une entreprise alors soutenue et financée par « Bain » et « Goldman Sachs », ayant servi d’inspiration au film « La Firme ».
Or, à la tête des investisseurs parrainant le CEO de Prognos, nous retrouvons le gratin de Wall Street, incarnant la mainmise de New York sur une bonne partie du système de santé mondial, avec :
- JP Morgan Chase, conglomérat bancaire s’étant hissé à la 4ème place du podium des plus grosses entreprises au monde, totalisant plus de 2513 milliards de Dollars d’actifs à son bilan 2017.
- Bain, leader mondial en conseil et stratégie de communication pour l’industrie pharmaceutique.
- Ou encore, le nouvel ex-lobby de la presse financière, Reuters, récemment racheté par une firme newyorkaise.
Actionnaires vouant un intérêt démesuré à une entreprise avec laquelle ils espèrent parvenir à rejoindre Google, Amazon, Facebook et Apple, en activant la collecte des Data de santé.
Quand Siri, ou une intelligence artificielle équivalente, est en mesure d’enregistrer continuellement des données dressant un auto-portrait virtuel de son utilisateur, révélant les moindres détails de sa personnalité par le biais d’un simple téléphone portable…
Qu’elle est à même de vous assurer que vous êtes la plus belle ou le plus beau, et qu’elle redouble d’esprit pour devenir votre meilleure ami/e…
Le concept de vie privée devient-il automatiquement obsolète ?
Les données recueillies par ce biais sont-elles réparties et traitées par Apple ?
Une transparence de l’information et des medias est-elle encore possible à ce stade ?
Sans vraiment réaliser à quel point, sur internet, mais aussi dans nos téléphones mobiles, par le biais d’applications, de terminaux domestiques connectés, d’appareils électro-ménagers, ou encore d’outils de diagnostics médicaux… les informations de milliards d’utilisateurs sont quotidiennement cataloguées par des entreprises privées et des gouvernements, se positionnant à bien des égards comme ennemi de celui dont les informations sont issues.
Ainsi, des fichiers informatiques pouvant se négocier à plusieurs dizaines de milliards de Dollars, sont vendus au profit d’acteurs déterminés à instaurer une consommation inéluctable de leurs aliments, médicaments, vaccins, hôpitaux…
Cette guerre de la Data n’est donc pas uniquement une guerre entre les entreprises se jalousant les parts du gâteau, c’est aussi et surtout une attaque visant les consommateurs, les citoyens devenus clients d’une enseigne unique, pris en étau entre des lois liberticides, des holdings toutes puissantes et des services s’évertuant à devenir obligatoires.
Dès lors, comment continuer à garantir une libre utilisation des médecines et remèdes utilisés depuis la nuit des temps par l’être humain ?
Sera-t-il encore possible d’éviter un vaccin handicapant à ses enfants ?
Recensés par l’algorithme, comme l’explique indirectement le responsable de Prognos, les enfants et « les malades ne faisant pas encore partie de la base de données pourront être retracés » pour nourrir l’IA et sa capacité de prédictibilité.
Dans ces conditions sera-t-il encore possible de refuser une ablation de la thyroïde imposée en raison de facteurs génétiques évidents selon l’IA, alors même que votre glande est en mesure d’être relancée ?
Bien que l’IA promette de faire chuter les courbes statistiques de maladies et cancers, rien n’indique que l’observation qui en découle soit fiable à partir du moment où elle s’applique à englober d’autres statistiques ou déductions hypothétiques dans ses calculs.
Et, bien au-delà de la question des services effectivement rendus par l’IA, à qui appartiendront les données collectées et à quels autres usages seront-elles destinées ?
Quelle est la véritable motivation se cachant derrière les discours altruistes des responsables financiers de Prognos et Datavant ?
Une surveillance au profit des multinationales
Pour mieux comprendre les intentions du projet Prognos, l’arbre généalogique de ses dirigeants et actionnaires peut s’avérer utile.
Les CEO de Prognos et Datavant sont issus de la jet set de l’entrepreneuriat financier newyorkais.
Ils sont tout, sauf de bons samaritains préoccupés par la santé de leur prochain et la paix dans le monde.
Ils bénéficient en outre du soutien de la J.P.Morgan Chase qui, en plus d’être la banque que tout le monde connait, est une holding regroupant un vaste portefeuille d’actifs.
Elle représente un des premiers fonds spéculatifs à même de réaliser des bénéfices aussi bien lors d’un boom, que d’un effondrement économique, un attentat ou une catastrophe naturelle.
Provenant elle-même de ramifications étant le fruit de nombreuses fusions réunissant les plus vieilles institutions de la bourse de Wall Street, à savoir :
- JP Morgan,
- Chase,
- Chemical,
- et Manufacturers Hanover.
Un redoutable conglomérat aussi connu sous le nom de « Chemical Banking Corporation ».
Le lobby financier le plus puissant au monde a-t-il décidé de prendre soin de notre santé ?
C’est en tout cas pour tenter de faire croire cela que la JP Morgan Chase est chaperonnée par « Bain », un mastodonte du conseil en lobbying de masse déjà largement établi dans le secteur de l’industrie de la santé, de l’agro-alimentaire et du loisir.
Ainsi que « Reuters », racheté l’année dernière par « Blackstone », un actionnaire américain ayant fait l’acquisition de 55 % des parts au Canadien Thomson pour la coquette somme de 17 milliards de d’Euros.
Après avoir appartenu aux Anglais, Français et Australiens, le nouvel ex-lobby spécialisé, lui aussi, dans la finance et la spéculation boursière, disposant de 2400 journalistes répartis dans 196 pays, accusé de travailler pour le compte du MI6 et de la CIA depuis les années 70, et largement présent sur le web, fait son grand « come back ».
Une union pouvant s’avérer inquiétante lorsque l’on sait que ces géants de Wall Street sont en mesure d’exercer une emprise dépassant largement le cadre économique, tant sur les Etats-Unis que l’Angleterre, la France, l’Allemagne et le Japon, en s’appuyant sur la synergie de leurs antennes internationales.
Le genre de jeux d’influence qui auraient pu, par exemple, être à l’origine d’un matraquage médiatique en faveur de la vaccination antigrippale ou des dépistages en série du cancer du sein et de l’utérus.
Toujours est-il que Sundeep Bhan et Travis May n’ont clairement pas été choisis comme leaders de Prognos/Datavant par hasard.
Leurs curriculum vitae témoignent d’une déconcertante facilité à demeurer obnubilés par un seul objectif :
Transformer, coûte que coûte, quelques millions de Dollars en plusieurs centaines de milliards.
L’intelligence artificielle et l’infantilisation de la santé
Un des chemins par lequel l’être humain pourrait redevenir autonome, vivre vieux tout en conservant pleinement ses facultés mentales, est celui de la compréhension.
La compréhension des mécanismes de santé, de la psychologie et des rouages du mental, mais aussi à travers l’écoute subtile de l’intuition ainsi que la connaissance de la nature et la contemplation de ce qui nous unit à elle.
Sans oublier…
Sans oublier la gestion objective des avantages et des inconvénients majeurs de la technologie.
Si par malheur, au lieu d’être défendus comme des outils permettant un accès universel à la connaissance humaine, l’informatique et internet pouvaient être entièrement bridés ou remplacés par des IA autoproclamées dans une atmosphère obscurantiste, les consommateurs de ces services en deviendraient inéluctablement les esclaves, incapables de briser les chaînes d’une ignorance programmée.
Se contenter de probabilités ne prenant pas en compte la nature holistique de la santé, ou de tests génétiques pour entamer, par exemple, une chimiothérapie ou un traitement lourd censés être préventifs, serait une folie.
Ne plus se rendre sensible aux signes subtils envoyés par l’organisme lorsqu’il annonce les prémices d’une grippe ou la manifestation prochaine d’un problème de santé plus grave, en serait une autre.
L’exemple désastreux des propagandes de dépistage des cancers du sein et de l’utérus, ou encore les ravages du Mediator et du Levothyrox en sont des exemples tristement parlants.
Ne plus offrir une réponse intelligible au corps, lorsque qu’il exprime par le biais de la maladie un besoin d’attention, découlant naturellement sur l’adoption d’habitudes utiles à son bon fonctionnement, ne mènera jamais à des solutions de long terme.
Il ne fait aucun doute qu’après cette fructueuse collaboration avec les hôpitaux et les institutions de santé occidentaux, leur fournissant les informations personnelles de leurs patients, c’est bien le marché des Data et de l’auto-surveillance de santé que le « leader en Intelligence Artificielle orientée vers la prédiction des maladies » vise avidement.
Pour s’en assurer, d’autres géants comme Safeguard, Merk, Signa, Biogen, GIS Strategic Ventures… ont, eux-aussi, investi 42 million de Dollars supplémentaires pour faire partie des actionnaires de la reconversion de Medivo en Prognos.
Aboutissant à la naissance contre-nature d’une intelligence artificielle enfantée par la spéculation boursière, l’industrie pharmaceutique, les chercheurs fous en biotechnologies, dont les capacités, tant salvatrices que destructrices, se retrouvent entre les mains des patrons de Wall Street.
Jean-Baptiste Loin
Sources :
https://www.crunchbase.com/organization/medsite#section-overview
https://fr.wikipedia.org/wiki/JPMorgan_Chase
https://fr.wikipedia.org/wiki/Reuters
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bain_%26_Company
Merci
Merci
MERCI !
Bien cordialement.
Merci , article très interressant