L’importance des rêves est déterminante pour nous aider à mieux comprendre notre conscience.
Pour les Grecs anciens et les Senoï, par exemple, ils prenaient une place prépondérante dans la société, orientant l’existence des individus, leur place dans le monde, ainsi que la signification de leur vie tout entière.
Aujourd’hui, le stress, la précipitation, l’agitation et les différentes pollutions modernes auxquelles nous sommes confrontés réduisent, voire annihilent totalement le souvenir que nous en gardons au moment du réveil.
Fort heureusement, il existe de nombreuses méthodes permettant de se conditionner à ne plus les oublier.
Au cours de notre existence, nous rêvons pendant plus de cinq ans.
Pourtant l’importance des rêves, aussi bien sur les plans qualitatif que quantitatif, a été largement minimisée par le mode de vie actuel où seule l’activité diurne semble digne d’intérêt.
Mais, depuis quelques années, une tendance inverse est apparue, qui d’une manière globale, se préoccupe beaucoup plus de la vie intérieure, et notamment onirique.
Avant tout, on espère se souvenir de ses rêves, puis les comprendre, et enfin, les maîtriser, voire devenir conscient d’être en train de rêver…
En un mot, on aimerait bien ne plus subir l’état onirique ; car nous vivons en rêve exactement comme les animaux vivent leur existence, sans trop de mémoire ni de libre arbitre, et il nous semble naturel de revendiquer le droit à devenir aussi responsable et créatif, aussi « humain » dans le rêve que dans l’état de veille.
De nombreuses méthodes oniriques proposent de réaliser ce programme.
Elles s’inspirent de la tradition du « Peuple du rêve », les Senoï, ou de celles d’Indiens d’Amérique, ou de Yoga Nidra, ou encore du rêve éveillé de Desoille.
Cependant, les « techniques » de maîtrise des rêves semblent incompatibles avec la volonté de mettre en pratique une quelconque technique, puisque l’activité onirique naît d’un certain « lâcher prise ».
Avant tout, de la sensibilité !
Sans un état d’esprit adéquat, c’est-à-dire une entière disponibilité au rêve, une certaine introversion, non pathologique, bien sûr, et un minimum d’écoute de soi, il est inutile d’espérer le moindre résultat à partir de l’une ou l’autre des méthodes proposées.
Il n’est pas de créativité onirique possible pour ceux qui ne pensent, dès le réveil, qu’à leurs affaires diurnes !
De même, si vous n’êtes pas attiré par le « monde intérieur » et ne désirez pas tenter d’en dévoiler les mystères, il est vain de commencer la moindre exploration de vos rêves, qui s’adresse plus à nos tendances artistiques ou poétiques qu’à nos capacités de technicien.
Ce qui est envisagé ici relève donc plutôt d’une sensibilisation que d’un entraînement.
Les progrès, en matière de maîtrise des rêves, se font spontanément, à mesure où l’on se rend plus sensible au processus naturel du rêve.
Il n’y a pas vraiment à construire, mais seulement à détruire les mauvaises habitudes mentales qui, jusqu’alors, « hypnotisaient » le rêve dans la torpeur et l’inconscience d’une vie onirique dépourvue d’intensité, de créativité et de conscience.
Pourquoi oublie-t-on ses rêves ?
Avant de mettre en pratique la moindre technique pour se souvenir de ses rêves, il est indispensable de comprendre pourquoi on les oublie.
→ La première des causes d’amnésie onirique est certainement le réveil-matin, le bruit, ou tout dérangement qui vous sort brutalement du sommeil avant la fin de son cycle normal.
Il faut attendre que le sommeil et sa phase de rêves, dite « paradoxale », soient naturellement achevés pour que, l’esprit en possession de toutes ses capacités, vous puissiez faire fonctionner votre mémoire.
→ Après le réveil, le moindre choc nuit à la remémoration onirique.
Si vous désirez ne plus perdre la mémoire de votre vie nocturne, il convient de vous préserver des enfants ou animaux qui vous assiègent, des chocs sonores, des musiques, des radios, et surtout de l’éclairage brutal.
Munissez-vous d’un variateur d’intensité lumineuse, et n’éclairez progressivement qu’au minimum de vos besoins.
→ Les somnifères et autres tranquillisants sont, quant à eux, responsables d’un raccourcissement de la phase paradoxale, d’un réveil long et difficile, d’une relative superficialité du sommeil, et par conséquent d’une fatigue généralisée et d’un manque d’énergie psychique qui rendent problématique l’exercice de la mémoire.
→ Il y a encore d’autres causes à l’amnésie onirique, de nature beaucoup plus psychologique, et il n’est pas aussi facile d’y remédier que de se priver de réveil-matin ou de somnifères…
Les premières sont la peur et l’indifférence par rapport au rêve.
Comment se souvenir de ses rêves si le système de valeur inculqué par l’éducation occidentale ne leur accorde aucune espèce d’intérêt ?
Tant que nous considérons qu’ils ne sont qu’une réalité d’ordre secondaire, voire une sous-réalité, une aimable fantaisie, notre mémoire ne trouve pas de motivation pour les retenir !
Même s’ils nous intéressent, tant que nous n’avons pas véritablement compris que l’univers onirique est absolument aussi réel, ou aussi illusoire, que l’univers matériel, nous le déprécions et lui refusons l’accès à notre pleine conscience, donc à notre pleine mémoire.
Mais c’est, avant tout, la peur des messages qu’à travers le rêve notre inconscient va révéler à notre conscient qui amnésie notre vie onirique.
Nous préférons rendre à l’inconscient ce qui appartient à l’inconscient, et ne pas risquer de découvrir l’inacceptable, selon nos normes, ne pas risquer de dévoiler à nos yeux notre véritable nature !
Ainsi se souvenir de ses rêves demande plus une évolution, voire une révolution philosophique ou même spirituelle, que la mise en œuvre d’une méthode.
Mais quand le pas « philosophique » est franchi, ces méthodes peuvent être d’un certain secours…
Pour se préparer à ne plus oublier
Dans sa méthode, Gunter Feyler propose de mettre systématiquement à jour, par écrit, toutes les résistances que l’on peut éprouver envers la remémoration des rêves.
Vous pensez par exemple « qu’il y a des choses plus importantes dans la vie » ?
Dressez-en la liste par écrit et confrontez ces choses si importantes à la simple notion de « guide intérieur ».
Ce qui vous oriente n’est-il pas plus important que tout ce que vous pouvez faire extérieurement ?
Grâce à la maîtrise du rêve, vous pouvez devenir plus conscient, plus cohérent, savoir qui vous êtes et ce que vous voulez vraiment…
Le reste n’est-il pas secondaire ?
Pour vous, « le rêve n’est pas logique et n’a pas de sens » ?
Mais si vous misez tout sur la logique et le rationnel, ne croyez-vous pas qu’une bonne moitié des joies de l’existence vous échappe ?
La majeure part des solutions à nos problèmes se trouve dans le simple fait de ressentir, d’expérimenter, de voir.
Le rêve favorise ces activités.
Comprendre intellectuellement n’est pas tout !
Ces exemples montrent qu’il est toujours possible de « recadrer » ses résistances si l’on ose les passer en revue et les étudier honnêtement.
Comment se souvenir de ses rêves
Quand vous serez « clair » par rapport à vos résistances, vous pourrez mettre en pratique une méthode de remémoration onirique.
Le bon sens va toujours au plus simple.
C’est donc dans les tout premiers moments de l’état de veille, immédiatement au réveil, tant que la proximité avec l’état de rêve est encore sensible, qu’il faut commencer à exercer notre mémoire onirique.
Pour la même raison, on se remémore son dernier rêve dans le sens inverse de son déroulement, en débutant par la dernière séquence et en remontant…
Il importe, pour cet exercice, de conserver « la concentration du sportif ».
Ce n’est certainement pas en vaquant à son petit-déjeuner, ou même en entrecoupant ses remémorations de pensées concernant la journée à venir, que l’on parvient à un résultat probant.
On doit rester au lit un bon quart d’heure et se replonger consciencieusement dans les images que l’on vient de vivre.
La notation des rêves ou leur enregistrement est recommandé pour acquérir l’habitude de s’en souvenir à long terme.
Mais, dans les premiers temps, il faut prendre garde à ce que cela ne provoque pas une sortie du monde onirique qui nous le fasse oublier.
Quand on commence à s’habituer à écrire, dessiner, ou parler dans un micro sans quitter le cocon du souvenir de ses rêves, de grands et rapides progrès dans la maîtrise onirique apparaissent.
Car c’est, en quelque sorte, la capacité à faire cohabiter le monde des rêves et le physique, ou plutôt pour éviter toute confusion, à produire conjointement le plus large spectre d’ondes cérébrales possible, Bêta, Alpha et Thêta, qui donne une certaine amplitude à la conscience, et, par conséquent, accroît la puissance du mental, en particulier la créativité et la mémoire.
« Aimer ses rêves ! Tout est là ! »
Voilà la règle numéro un de Marc-Alain Descamps pour se souvenir de ses rêves.
Les aimer, c’est-à-dire aussi les respecter, ne pas trop en filtrer le contenu, lors de la prise de notes, ne pas les accommoder à nos valeurs diurnes.
Pourquoi les aimer ?
Avant tout parce qu’ils nous permettent de mieux nous connaître, de découvrir nos dons et aussi nos défauts, de résoudre nos problèmes par une sorte de processus d’auto-guérison psychique, de dépasser les limitations de notre rationalité intellectuelle, de pénétrer quelquefois dans des dimensions extra-temporelles et de cultiver ainsi notre intuition.
Le rêve, c’est évident, a inspiré nombre de poètes et d’artistes de toutes sortes, mais aussi des scientifiques… et même des sportifs !
Il nous libère de nombre de nos inhibitions, pompe le stress comme un buvard, et, chose peut-être essentielle, compense une bonne part de nos frustrations.
La frustration étant synonyme d’inachèvement, on peut se risquer à en déduire que le rêve, au niveau mental, est l’univers potentiel de nos achèvements.
Reste à l’intégrer à notre existence diurne afin de la conduire aussi à bonne fin…
Le journal des rêves
Beaucoup d’auteurs suggèrent de noter les rêves comme des « découpages » cinématographiques, c’est-à-dire sur deux colonnes ou deux pages.
Celle de gauche reçoit les dessins et celle de droite le texte.
Un espace supplémentaire peut encore être ménagé afin de noter ce en quoi tel rêve ou telle séquence onirique a influencé notre vie quotidienne ou notre évolution intérieure.
A ce stade, il devient de la plus haute importance de constituer un « journal de rêves » où ils seront numérotés et datés, et se succèderont avec leurs annotations diverses, vous donnant ainsi la possibilité de vous livrer à toutes sortes d’études, de statistiques, de comparaisons, d’évaluation de votre évolution…
Quels sont les personnages, les décors, les situations, qui reviennent le plus souvent ?
Quels sont ceux que vous censurez complètement ?
Comment les événements importants de votre vie diurne sont-ils représentés dans vos rêves ?
Et surtout en quoi, exactement, consistent vos cauchemars ?
Ce n’est que par de telles intégrations du rêve à votre existence quotidienne, un peu, finalement, à la manière des méthodes surréalistes du début du XXème siècle, que la vie onirique vous deviendra parfaitement familière, utile, et que vous ne l’oublierez plus.
Pour surmonter les échecs
En cas de résultats décevants, des techniques psychologiques, empruntées à l’hypnose, peuvent vous aider à débloquer la situation.
→ La suggestion : pratiquée le soir, en s’endormant, elle s’implante très aisément dans le subconscient et prend effet le lendemain au réveil. Suggérez-vous donc tout simplement de bien rêver et de vous en souvenir, en répétant cette suggestion plusieurs fois, mentalement. Cela portera très probablement ses fruits !
→ Le signe-signal : vous pouvez adjoindre un « signe » à cette suggestion. Pierre Fluchaire propose le verre d’eau dont vous consommerez une première moitié le soir au coucher, tout en vous suggérant que, le lendemain matin, le souvenir de vos rêves sera facilité par la consommation de la seconde moitié. Le lendemain, en finissant le verre, ce « signe-signal » pourra déclencher la remémoration onirique.
→ La vitamine B6, enfin, donne de très bons résultats dans ce domaine. On la trouve dans la levure maltée, le germe de blé, la banane et la betterave…
Jan Kristiansen
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