Les nouveaux plaisirs de la randonnée

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les plaisirs de la randonnée

Marcher, c’est bien ; mais marcher pour quelque chose, c’est mieux !

Voilà en tout cas ce que semblent dire les «nouveaux marcheurs».

Bien sûr, avant on marchait déjà pour le plaisir de l’exercice physique, le calme, le bon air et le merveilleux spectacle de la nature ; mais aujourd’hui, on tient, en plus, à intégrer un thème à la randonnée.

Et ce sera, par exemple, la route des musées ou le chemin des confitures, les «randos» d’étude de la faune ou d’initiation aux fouilles archéologiques…

En fait, on ne veut plus «marcher idiot», et de nombreux prétextes, des plus futiles au plus profonds, viennent motiver le déplacement pédestre qui perd en quelque sorte sa valeur intrinsèque au profit d’un but hédoniste ou culturel.

Il n’y a pas de miracle : si la randonnée affiche une progression annuelle de 10%, c’est évidemment parce qu’elle s’enrichit.

Mais, attirant en grosse majorité la gent féminine et la famille, ce sport non-violent, déjà à tendance nettement écologique, évolue naturellement vers des thématiques plus proches de la cueillette ou du pèlerinage que du parcours du combattant.

Ainsi, l’esprit de compétition s’efface-t-il de plus en plus en plus au profit d’un certain goût pour la flânerie, pour l’échange, l’enrichissement des connaissances, ou tout simplement la sensation et l’émotion.

De plus en plus, le randonneur abandonne la tente pour s’inviter chez l’habitant où il déguste sans précipitation les meilleurs produits du terroir, où il papote avec les autochtones, bref où il profite de la vie.

D’autre part, le véritable amateur ne craint plus de s’envoler à l’étranger pour randonner sur d’autres continents et découvrir ainsi de nouvelles merveilles naturelles… ou culturelles.

Et puis, il y a les randonnées non pédestres, à cheval, à dos d’âne, ou de chameau selon la région, qui semblent, depuis quelques temps, avoir la faveur d’un public croissant.

Il est vrai que, dans cette option, la fatigue de la marche est considérablement réduite, et qu’il ne reste plus guère que le plaisir de la promenade à l’état pur.

Et la promenade conduit alors le randonneur là où il pourra observer des animaux sauvages, des oiseaux, des insectes, à moins qu’il préfère suivre la route des cadrans solaires ou le parcours de tel ou tel personnage de légende…

 

Les randonnées à thème

L’avantage le plus évident de la randonnée à thème est que l’on y prend un double plaisir : celui de la marche et celui de la découverte.

Mais comme il est rare d’entreprendre de telles randonnées en solitaire, s’y ajoute, en prime, la joie de rencontrer des complices partageant la même passion pour les étoiles, les oiseaux, les cailloux, les peintures rupestres, le dessin, la peinture, le chant, le conte, la prière, la méditation, le yoga, le stretching ou la relaxation…

Le choix du cadre est primordial, pour de semblables ballades orientées.

Relaxation et méditation trouveront par exemple dans le désert un lieu des plus propices, alors que la montagne inspirera beaucoup d’aquarellistes, ou que la Mauritanie fera le bonheur des passionnés d’ornithologie…

Mais il arrive aussi que le thème se borne au «moyen de transport».randonnée à vélo

Ainsi par exemple les randonnées à cheval, qui font actuellement beaucoup d’adeptes.

Elles sont généralement organisées pour un week-end ou toute une semaine, et sont suffisamment encadrées pour admettre même les cavaliers les plus débutants, à condition, bien sûr, qu’ils soient en bonne condition physique.

Le gîte ou l’hôtel peuvent être prévus.

A dos d’âne, évidemment, c’est beaucoup moins cher, sauf lorsque la randonnée est organisée autour d’un thème comme la reconstitution de la vie de trappeur, incluant canoë, tir à l’arc et découverte du milieu naturel…

En règle générale, ce type de reconstitutions met à la disposition du randonneur toute une équipe de professionnels composée d’accompagnateurs, de guides, de chameliers ou de muletiers, et bien sûr d’un spécialiste du thème abordé.

Le principe de base étant de décharger le randonneur de tout souci d’organisation, afin de le laisser s’émerveiller et profiter au maximum du dépaysement.

 

Nature et culture

Parmi les thèmes de randonnée imaginés aussi bien par les organisateurs que par les consommateurs, certains semblent évidemment plus particulièrement appréciés que d’autres, et reviennent plus fréquemment dans les programmes des voyagistes.randonnées à thèmes

C’est le cas notamment des randonnées consacrées au dessin ou à la peinture, souvent organisées l’été dans des lieux à la fois enchanteurs et chargés d’histoire, comme le Haut-Atlas marocain.

Ces «séjours-randonnées» comprennent habituellement de trois à cinq heures de marche, et un programme de peinture et de dessin sous la direction d’un professeur expérimenté.

Et l’on imagine sans peine le plaisir que peut prendre le randonneur à conserver sur la toile le souvenir des palmeraies sahariennes chères à Delacroix, Matisse ou Dubuffet.

Un autre thème également fort prisé est la randonnée ornithologique.

De nombreuses régions et pays recèlent en abondance la faune ailée qu’il est si agréable et instructif d’observer.

Certaines de ces randonnées sont organisées dans l’Adrar Mauritanien où le plaisir est décuplé par le déplacement à dos de chameau.

Plutôt automnales, ces randonnées sont, là aussi, placées sous la houlette d’un spécialiste, ornithologue distingué.

A caractère franchement ethnologique, une superbe randonnée est programmée une fois l’an par un voyagiste qui n’hésite pas à accompagner ses clients dans le Jbel Sarho pour suivre la transhumance des nomades Aït Atta du Sarho à l’Atlas.

Toujours dans le désert, ou quelquefois en montagne, beaucoup de ces nouvelles randonnées prennent pour thème l’observation astronomique.

Après une journée de marche tranquille, qui ne s’émerveillerait pas, en effet, devant la beauté d’un ciel étoilé, le soir, au bivouac ?

Loin des villes, dans les dunes, la voûte céleste invite indéniablement à prendre le télescope pour s’envoler vers les étoiles scintillantes.

Organisées aux meilleures périodes de l’année pour ce type d’observations, ces randonnées sont, plus que jamais, guidées par un spécialiste de l’astronomie qui met son savoir, son appareillage et quelquefois même sa connaissance des mythes et légendes célestes au service de tous les amoureux du ciel, même débutants.

Et si l’on aime entendre des histoires, à la veillée, pourquoi ne pas participer à une randonnée en compagnie d’un conteur ?

Des «mille et une nuits» au «Petit Prince», le répertoire des contes est plus que suffisant pour enchanter les soirées dans le désert ou ailleurs, avec le charme des récits, la gestuelle et le souffle rythmé du conteur.

 

Les Voies du Seigneur

Dans le domaine de la spiritualité, la randonnée peut s’inspirer d’une longue tradition, celle du pèlerinage.

Aujourd’hui encore, dans le monde entier, de nombreux pèlerins s’acheminent chaque année vers certains lieux saints ou suivent certaines routes, comme celle de Compostelle.

Mais, plus récente, la randonnée à but religieux regroupe des croyants de tous âges et de toutes conditions pour les faire participer, sac au dos, à des marches dédiées à la Vierge ou à tel ou tel Saint.

On prend donc des provisions pour quelques jours, de quoi dormir à la belle étoile ou dans quelque gîte rural, et l’on marche vers Dieu pour trouver des forces nouvelles.

Un prêtre ou un moine conduit la petite communauté tout au long des chemins terrestres, souvent provençaux, arides et rocailleux, et dispense un enseignement religieux en accord avec le thème de l’année, généralement défini par le Vatican.

Bien sûr, on prie, on récite des chapelets, on confie aux autres ses préoccupations de Chrétien, on se confesse, on chante et on médite, quelquefois tout en marchant.

Mais on partage aussi, et peut-être surtout, en faisant connaissance avec ses compagnons de route.

Hors de France, des randonnées religieuses sont également proposées dans le désert.

Depuis quelques années, sous l’égide du Monastère du Grand Saint Bernard, les déserts d’Algérie, de Tunisie, de Mauritanie, de Libye ou du Maroc sont arpentés par des Chrétiens de toutes confessions venant y chercher à la fois le dépaysement et l’aventure intérieure.

Là, sous le soleil, le marcheur est obligé au dépouillement et peut, beaucoup plus facilement que dans son cadre habituel, s’ouvrir à lui-même et aux autres.

Le soir ou à la halte, de nombreux moments sont aménagés pour réfléchir, échanger, méditer et prier, dans une atmosphère fraternelle et amicale.

 

Marche antistress et yoga ambulatoire

Dans un tout autre style – à savoir celui du développement personnel et des psychothérapies – diverses formes de marches dites «conscientes», «attentives» ou «méditatives», se développent à l’attention d’un certain public.

La marche «antistress», par exemple, réunit toutes les conditions pour en faire une des meilleures méthodes de marche de santé.

On débute la journée par une promenade de mise en forme, tout au long de sentiers campagnards ; puis, après un copieux petit déjeuner diététique, on entreprend la marche méditative proprement dite.marche anti stress, randonnée méditative

Il s’agit, en l’occurrence, d’une technique tout à fait spéciale de marche, conçue au début des années 80, que l’on pratique à un certain rythme, idéal pour oxygéner au maximum l’organisme, et ainsi chasser fatigue et déprime.

Bien évidemment, des ateliers et des animations, ainsi que des soins corporels, sont prévus pour encadrer les trois marches quotidiennes, et enseigner à chacun les bases d’une hygiène de vie naturelle.

Par ailleurs, et pour en revenir à la randonnée proprement dite, des voyagistes organisent fréquemment des ballades de santé, à pieds ou à dos de chameau, sur des plages désertes du sud tunisien où diverses disciplines sont appliquées dans les camps de tentes : Yoga, stretching, relaxation, massage, Qi gong, méditation, chant, musique, psychothérapies…

Généralement réservées aux premiers mois de l’année, hors saison touristique, ces stages-randonnées sont très appréciés par les citadins stressés qui y trouvent un calme irremplaçable.

 

La marche méditative

«Quand la colère survient, ne disons rien et ne faisons rien, sinon une respiration consciente ou une marche méditative ; et reconnaissons, embrassons et regardons profondément notre colère».

Voilà ce que conseille le célèbre moine Zen Thich Nhat Hanh !

De tous temps, la marche a été considérée comme une des principales «postures» de la méditation, au même titre que le Lotus ou la position couchée sur le dos.

Aussi, rien d’étonnant à ce que la marche méditative fasse aujourd’hui partie intégrante de la plupart des randonnées spiritualistes.

D’ailleurs, des marches silencieuses dans les déserts africains ou américains, ou encore dans les Himalayas, sont offertes aux adeptes de différents systèmes de méditation, et notamment des méditations vipassana et bouddhiste tibétaine.

Exactement comme c’est le cas dans toute méditation digne de ce nom, la marche consciente ne cherche rien à atteindre, mais tend simplement à rendre l’individu parfaitement conscient, ici et maintenant, c’est à dire libéré du passé et du futur.

Les pensées et sensations qui apparaissent durant la marche consciente ne doivent susciter aucune réaction, mais être seulement observées jusqu’à leur disparition naturelle.

Comme on le voit, cette marche est une véritable méditation dans l’action.

Elle autorise une meilleure expérimentation de la présence à soi-même, une plus grande attention à la respiration, au corps, à l’environnement, à l’espace extérieur et intérieur, sans rêveries ni pensées discursives.

Cette forme de méditation peut donc enseigner comment rester serein dans le mouvement, et apprendre à distinguer entre notre nature profonde et le changement constant des attitudes et des points de vue.

 Jean-Baptiste Loin 

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filali
filali
9 années il y a

Bonjour ,il serait souhaitable d’organiser une randonnée pour enrichir nos connaissances géographiques,humaines,sociale…