Des bolides écologiques…

2

La prise de conscience des conséquences du réchauffement climatique a certainement réveillé la conscience écologique de la classe politique, mais les populations ont toujours été pleinement conscientes de souffrir des différentes pollutions que leur imposent les technologies modernes.

La première de ces pollutions, à laquelle tout citadin se trouve confronté quotidiennement, est évidemment celle des échappements de gaz des moteurs à explosion qui, alliée à l’épuisement des ressources, commence à mettre sérieusement en péril l’industrie automobile, au point que le marché insiste de plus en plus sur les voitures à énergies alternatives, c’est-à-dire hybrides, à biocarburant, hydrogène, électrique et même solaire.

Si l’on veut se référer à quelques chiffres qui permettront de mieux mesurer l’importance de ce tournant décisif, rappelons que le pourcentage de piétons déclarant souffrir de la pollution automobile dépasse largement les 50%, que le taux des conducteurs soucieux de ce problème est aujourd’hui pratiquement identique, et que 89% d’entre eux se disent prêts à acheter leur prochaine voiture parmi les autos roulant au biocarburant.

Mieux : il y en aurait encore 57% qui accepteraient cette conversion même si le biocarburant était 10% plus cher que l’essence.

Indiscutablement, la population est prête.

Mais en est-il de même des politiques et des industriels ?

Les voitures à éthanol

L’engagement vers les biocarburants et les voitures alternatives se confirme d’année en année.

Les constructeurs privilégient évidemment les voitures roulant au mélange végétal/pétrolier, mais quelques uns proposent des voitures fonctionnant aussi bien avec l’un qu’avec l’autre de ces carburants.

Rappelons, à ce sujet, que les voitures à essence et éthanol sont généralement étiquetées « E85 » parce qu’elles marchent avec 85% d’éthanol et 15% d’essence.

Loin d’être inférieure, la voiture à l’éthanol est au contraire plus puissante que la voiture à essence.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Lotus ® a conçu la Lotus Exige 265 E, qui roule à l’E85 et qui s’inscrit comme la plus puissante de sa gamme.

Certes, cette voiture qui passe de 0 à 100 Km/h en moins de quatre secondes et atteint une vitesse de pointe à 250 Km/h, consomme jusqu’à 30% de plus mais ici l’écologie fait néanmoins bon ménage avec la performance dans la mesure ou l’éthanol pollue infiniment moins que l’essence.

On s’y retrouve donc ! D’autant que cette sportive a été pensée en termes exclusifs de puissance, mais que les ingénieurs Lotus profitent de leur nouveau savoir-faire pour concevoir d’autres modèles où il ne sera plus alors question que de privilégier l’économie.

Volvo ®, pour sa part, avec sa V70 Multi-Fuel, propose au consommateur une voiture capable de rouler aussi bien avec de l’essence, du gaz naturel, du bio gaz c’est-à-dire du gaz issu de déchets, avec le mélange éthanol/essence, et même avec une mixture tout à fait étonnante, pour ne pas dire détonante, composée de 90% de gaz naturel et de 10% d’hydrogène, ce dernier carburant réduisant fort intelligemment les émissions de dioxyde de carbone.

Bosh ®, déjà, s’était essayé à ce genre de systèmes avec une voiture roulant aussi bien à l’essence, au gaz naturel qu’à l’éthanol, mais la Volvo, avec ses cinq carburants différents, marque indéniablement un progrès dans ce sens ; progrès en l’occurrence entièrement soutenu par une électronique sophistiquée sans laquelle la gestion d’autant de carburants différents serait certainement impossible.

Le résultat, en tout cas, est prometteur ; la voiture offrant exactement la même puissance avec chacun de ses carburants.

Les hybrides

L’autre grande solution offerte par le renouveau énergétique de l’automobile, est ce que l’on appelle les « hybrides », c’est-à-dire des véhicules dotés à la fois d’un moteur à explosion et d’un moteur électrique.

Hybride, bien sûr, signifie normalement que la voiture accepte deux types de carburant, quels qu’ils soient.

Par exemple, on commence à connaître, aujourd’hui, la Toyota Prius ®, qui reste sans doute l’une des hybrides les plus convaincantes, mais qui « bicarbure » à l’essence et au gaz naturel et non pas à l’électricité.

Ce n’est pas le cas de sa principale concurrente, la Honda Civic IMA ® qui, elle, bicarbure à l’essence et à l’électricité et contient donc deux moteurs, dont un électrique hyper compact avec, pour fonction, de prendre le relais du moteur à essence à petite vitesse dès qu’on le souhaite… mais ici sans l’arrêter puisque les deux sont montés sur le même axe et que, même l’alimentation en essence coupée, les pistons du thermique continuent de monter et de descendre.

Mais les plus grands succès ont été remporté par ce que l’on peut appeler des hybrides light, des voitures ou des utilitaires dont le moteur électrique n’est pas suffisamment puissant pour les déplacer mais qui apportent simplement une assistance au moteur thermique, permettant de réaliser 10% d’économie d’essence.

Cette méthode, plutôt américaine, a donc eu son heure de gloire mais ne doit de toute évidence pas s’attendre à un grand avenir, surtout face à ce que proposent les Japonais.

C’est sans doute pourquoi General Motors ®, Daimler Chrysler ® et BMW ® se sont associés afin de développer des hybrides essence/électricité d’une nouvelle génération, pourvus de deux moteurs électriques pour assister le moteur thermique, l’un dédié aux petites vitesses et l’autre aux grandes, et surtout capables de récupérer énormément d’énergie au freinage en devenant générateurs.

Cela dit, Toyota ® avait déjà pensé à mettre deux moteurs électriques dans son monospace hybride, le superbe Alphard, à quatre roues motrices.

L’idée n’est donc pas tout à fait nouvelle, mais il n’empêche que la réédition d’anciennes méthodes par d’autres constructeurs conduit toujours à des avancées technologiques importantes.

Les voitures à hydrogène

Les voitures à piles à combustible ou, si l’on préfère, à hydrogène, sont encore très chères à construire – et encore plus chères à acheter – mais devraient commencer à être disponibles.

Pour l’instant, ces étonnantes voitures démontrent qu’il est possible de rouler absolument sans polluer puisqu’elles ne rejettent qu’un peu de vapeur d’eau et marchent quand même à peu près aussi bien que les voitures normales.

La plus remarquée, dans ce domaine, est sans doute la Sequel de General Motors ®, une voiture annonçant une autonomie de près de 500 km et atteignant les 100km/h en dix secondes, et qui allie toutes les technologies de pointe puisqu’on y retrouve une batterie Lithium-ion, des réservoirs en fibre de carbone, une coque en aluminium et un ordinateur central en communication constante non seulement avec le chauffeur mais aussi avec le constructeur.

Du côté Français, Peugeot a présenté il y a quelques années un superbe concept car à hydrogène, la Peugeot 207 Epure ®, mais la Honda FCX ®, autre concept, fait sans doute un peu plus sensation dans la mesure où le président de la marque a annoncé qu’elle préfigurait tout simplement une nouvelle génération de voitures à hydrogène.

Il y a sept ans Honda étonnait déjà en offrant au premier ministre japonais sa première voiture à hydrogène pour un usage de représentation, mais aujourd’hui la FCX réunit tous les éléments d’une technologie suffisamment miniaturisée pour ne plus empiéter sur l’habitable et le coffre, et par ailleurs entièrement sécurisée avec un réservoir à hydrogène en forme d’éponge.

Du côté puissance, la FCX, avec son moteur avant et ses deux moteurs arrière dans les roues, réalise des performances plus qu’honorable.

Et enfin, le tout est recouvert d’une carrosserie élancée du plus bel effet.

Les voitures électriques

Peut-être parce qu’elles sont infiniment plus abordables que les voitures à hydrogène et représentent en même temps une solution moins polluante que les voitures à alcool, les voitures électriques s’autorisent toutes les audaces et remportent la palme en matière de science fiction.

Dans la catégorie des moins rapides, citons tout d’abord la Venturi Eclectic ®, munie d’un toit plat bardé de cellules photovoltaïques, et d’une éolienne convertissant la brise en électricité.

Toute cette énergie ne lui donne évidemment pas une énorme autonomie ni une vitesse dépassant 45 Km/h, mais c’est plus qu’il n’en faut quotidiennement à beaucoup de citadins pour couvrir les distances qui séparent leur domicile de leur lieu de travail, même en passant par l’école des enfants.

La Nissan Pivo 2 ®, elle, est une bulle offrant trois places frontales, avec le conducteur au milieu, et pouvant, comme son nom l’indique, pivoter à 360° sur son socle à roues.

Alimentés par des batteries lithium-ion, ses deux moteurs hyper compacts lui autorisent tout de même une vitesse de 80 Km/h, ce qui lui permet certainement de quitter la ville… mais peut-être pas d’aller bien loin !

La Venturi Fetish ®, elle, est une sportive électrique, tout à fait susceptible de se confronter à ses homologues à essence.

Coque en fibre de carbone, batteries lithium-ion rechargeables en un peu plus de trois heures et stockant quatre à cinq fois plus de puissance qu’une batterie classique, une autonomie de 350 Km, une électronique hyper sophistiquée, des pointes à 170 Km/h, de 0 à 100 en cinq secondes, une plage de régime s’étendant de 0 à 14 000 tours/minute, un look d’enfer, etc., etc., le tout pour la modique somme de 540 000 €.

Enfin, pour les bourses plus modestes et à condition de n’être pas trop pressé, terminons avec la gamme Tang Hua ®, qui nous vient de Chine.

Sous leur look digne d’une bédé, ces voitures parviennent tout de même à faire 200 Km à 45 Km/h sans être rechargée.

Les biocarburants

De plus en plus de particuliers abordent l’hypothèse d’une conversion énergétique au profit des biocarburants.

Mais ces biocarburants, quels sont-ils ?

Les plus connus sont naturellement les alcools, éthanol en tête, que le Brésil fabrique depuis 1970 déjà avec de la canne à sucre, les Etats-Unis avec de l’avoine et l’Europe des betteraves.

Deux autres alcools sont également en lice : le butanol et le méthanol qui viendront épauler ou peut-être remplacer l’éthanol dans un futur proche.

L’autre grande alternative en matière de carburants végétaux est représentée par l’huile.

Toutes les huiles végétales, tournesol, colza, arachide et même les huiles de friture usagées, une fois filtrées, peuvent être versés dans le réservoir de certains véhicules diesel et faire tourner le moteur.

Mais il faut bien le dire, cette forme de carburant n’est pas sans inconvénients dans nos régions puisqu’en hiver l’huile fige et devient totalement impropre à ce genre de consommation.

En revanche, ce que l’on appelle le « biodiesel », c’est-à-dire une huile végétale chimiquement corrigée, ne risque pas de figer au froid, et pourrait donc être produit industriellement dans les années qui viennent, comme c’est déjà le cas en Allemagne où une station sur dix est équipée en biodiesel issu du colza.

Mais toutes ces solutions ne sont peut-être pas aussi rentables que le BTL, que d’aucuns n’hésitent pas à présenter comme le biocarburant du futur puisque la rentabilité de cette méthode atteint les cinq mille litres de carburant à l’hectare et qu’elle permet d’utiliser absolument n’importe quelle plante, ou même résidu de plantes, bref de la biomasse, d’où son nom « BTL », c’est-à-dire « Biomass to liquid ».

C’est en quelque sorte un moyen artificiel de fabriquer du pétrole puisque l’essence qu’on met aujourd’hui dans le réservoir de nos voitures n’était rien d’autre que de la biomasse il y a quelques millions d’années.

Le procédé consiste à transformer cette biomasse en gaz puis en liquide qui servira de carburant, un carburant cette fois-ci exceptionnellement rentable, même si la mise au point de cette technologie a nécessité de gigantesques investissements.

 Jean-Baptiste Loin 

Pour soutenir Réponses Bio et nous permettre de rester un media indépendant, RDV sur notre page Tipeee en cliquant sur ce lien.

S’abonner
Notification pour
WordPress » Erreur

Il y a eu une erreur critique sur ce site.

En apprendre plus sur le débogage de WordPress.