A quoi sert la psy ?

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A quoi servent les psychothérapies ?

 

Beaucoup ignorent encore tout des possibilités offertes par les psychothérapies, ne sachant pas toujours faire la différence entre la psychiatrie (la médecine conventionnelle), la psychanalyse (la méthode d’investigation) et la psychothérapie (la technique visant à la guérison), ou n’ayant aucune idée des indications ou des protocoles d’une séance de thérapie.

Il est vrai que, d’autre part, les psy français ne semblent pas faire beaucoup d’effort pour sortir leur discipline du ghetto élitiste où ils l’enferment complaisamment depuis si longtemps.

Conséquence immédiate de cette marginalisation de luxe : les psy, non seulement restent ignorés de tas de patients qui auraient pourtant bien besoin de leurs services, mais passent, en plus, pour des charlatans aux yeux de beaucoup trop de leurs autres clients potentiels… au point, d’ailleurs, que certaines mauvaises langues laissent à entendre que trouver un bon psychothérapeute à Paris est très difficile, et qu’en province, c’est… impossible !

La France serait-elle telle que la décrivent les psy américains : un pays de beaux parleurs où un Lacan fascine une poignée d’intellectuels, pendant que la névrose ordinaire gagne chaque jour un peu plus de terrain dans les milieux familiaux ou professionnels ?

Toujours est-il que la plupart des gens à qui l’on parle de psychothérapie répondent habituellement qu’ils « ne sont pas fous » et n’ont, par conséquent pas besoin d’un psy. Pourtant, sans être « fou », il arrive à l’homme dit « normal » de souffrir.

Or, toute souffrance peut être considérée comme liée à une maladie. 

La souffrance

Dans le cas d’une pathologie avérée, deux processus sont possibles.

Le dépressif va manifester sa souffrance de manière intériorisée, retournée contre soi-même.

Et l’excité va l’exprimer sous forme d’agitation extérieure, dans une tentative d’éliminer la tension interne.

Mais au niveau du fonctionnement psychologique ordinaire, ce sont bien ces deux mêmes processus que l’on retrouve.

En chacun d’entre nous, il peut y avoir réaction interne, engendrant la culpabilité, c’est à dire retournement de la violence contre l’image de soi, et donc dépression ; ou, au contraire, réaction externe, avec des projections mentales qui feront d’autrui le responsable de notre propre souffrance, et susciteront l’agressivité.

Bien sûr, tant que cette souffrance reste modérée, on peut parler de personnalité ordinaire, avec son système de compensation habituel qui ne fonctionne pas trop mal ; mais lorsque les systèmes de compensation sont défectueux, l’ampleur de la souffrance devient plus importante, et l’on assiste alors à ce que l’on appelle la maladie mentale.

Ces systèmes de compensations qui permettent à cet homme « normal » – que les psy qualifient d’ailleurs de « normosé » – de faire face à un état de souffrance modéré, sont des systèmes de fuite, comme par exemple l’habitude de boire un ou deux Whiskies pour se sentir plus détendu.

Il existe toutes sortes de systèmes de compensations (nourriture, sexe, affairisme…) permettant d’évacuer la tension ; mais, à un moment ou à un autre, ils apparaîtront insuffisants.

C’est alors que la nécessité d’entreprendre une thérapie ou une analyse, bref de partir à la découverte de soi, d’explorer la racine de la souffrance, va s’imposer.

Au-delà, donc, de la dimension physique, l’espace psychologique, émotionnel doit lui aussi faire l’objet d’attention et de soins.

Tant que l’on ne jouit pas d’un minimum de connaissance de soi, on court toujours le danger de compenser, d’entretenir des dépendances, et de souffrir.

C’est pourquoi les bonnes psychothérapies passeront toujours par la conscientisation des problèmes.

Elles devraient représenter, en fait, une des étapes possibles permettant à l’homme animal, dépourvu du moindre recul vis à vis des événements extérieurs, et inconscient de ses mécanismes intérieurs, d’accéder à l’état d’observateur de lui-même, à l’état d’homo sapiens sapiens, d’homme conscient de sa conscience.

Une réalité psychosomatique

Même l’individu ne s’intéressant qu’à sa santé physique devrait pouvoir comprendre l’importance d’une thérapie du psychisme, puisque chaque émotion déclenche des sécrétions hormonales, et cela à l’insu du cerveau logique.

Le cerveau émotionnel se charge en effet de classer chaque expérience dans les rubriques « agréable » ou « désagréable », et de mettre conséquemment en route les hormones de stress ou les hormones de bien-être.

Or, ces hormones ayant une action sur le système immunitaire, il est bien évident que les émotions finissent par se répercuter sur la santé physique.

Bien pire encore, les émotions refoulées, puisque inconscientisées, se manifestent la plupart du temps en passant par le canal somatique, c’est à dire par le corps et ses contractures, douleurs, blocages et autres dysfonctionnements…

Sans parler de « folie », il est donc important de comprendre qu’une existence faite de désespoir, de jalousie, de peur, de haine ou de violence, engendre non seulement un mal-être psychologique, mais aussi des maladies physiologiques.

Parallèlement, le corps interagit également sur la psyché ; et la névrose se manifestera toujours plus volontiers chez une personne malade, fatiguée, manquant de sommeil, ou s’alimentant mal, que chez un individu en pleine forme et en parfaite santé physique.

De la même manière, l’abus de nourritures carnées, d’excitants ou d’alcool augmente considérablement le stress, l’angoisse, l’insomnie, les phobies et autres problèmes psychologiques…

En fait, ce que nous vivons est à la fois corporel et psychique ; et c’est bien le propos original de la psychologie et des psychothérapies que d’enraciner une philosophie dans la réalité quotidienne du corps et des émotions, plutôt que dans une idéologie ou une logique abstraite.

La psy n’est donc généralement pas un délire d’intellectuels, mais une science humaine établie sur l’observation des différents comportements.

Quant aux psychothérapies, elles aident à mettre en lumière et à résoudre des fonctionnements psychiques, voire psychosomatiques, que le sujet subissait jusqu’alors sans en connaître les tenants ni les aboutissants.

Dans ce sens, on peut dire qu’elles révèlent la vérité… et c’est peut-être ce qui les rend si impopulaires !

De multiples résistances

Outre que personne n’aime voir révéler au grand jour ce que l’on se dissimulait depuis des années, outre que les psy passent pour des gens capables de lire les pensées de leurs patients – ce qui n’aurait, effectivement, rien d’agréable si c’était vrai -, une des raisons essentielles de la résistance à la thérapie réside dans le fait que l’on répugne à admettre ses faiblesses et à demander de l’aide à ce sujet.

Tant qu’un virus s’introduit dans un corps ou qu’un accident survient, la responsabilité de la personne ne semble pas engagée, et il n’y a pas de honte à chercher l’aide du spécialiste pour une petite « réparation ».

Mais quand c’est la personne elle-même qui faillit, la culpabilité ressentie freine considérablement la décision de chercher remède au problème auprès d’un tiers susceptible de porter sur soi un jugement dépréciateur.

De plus, la souffrance psychologique étant socialement reconnue comme une véritable négation de la vie, bien souvent l’individu ne se sent plus capable d’attirer l’amour de ses proches, et encore moins celui d’un thérapeute inconnu.

Aussi préfère-t-il s’isoler plutôt que de communiquer.

Quant aux justificatifs que l’on invoque pour ne pas suivre une psychothérapie, ils sont de toutes sortes : « on se connaît déjà suffisamment bien ; il ne sert à rien de parler de ses problèmes ; on a honte de raconter ses turpitudes ; on ne pourra jamais réussir à évoquer les douloureux traumatismes du passé ; on ne tient pas à se retrouver dans un confessionnal ; on ne va pas suivre une thérapie si le conjoint n’en suit pas une aussi ; ce dont on a besoin c’est de boulot et non d’une séance ; on ne va pas courir le risque de devenir dépendant d’un psy ou de subir son influence »…

En fait, tous les prétextes seront bons à l’ego pour éviter toute transformation dans sa structure, dans son économie, dans sa relation entre conscient et inconscient…

En fait, la seule résistance est une résistance au changement  !

Pourquoi faire une psychothérapie ?

Fort heureusement, les raisons d’accepter le changement sont au moins aussi nombreuses… et même quelquefois plus nombreuses, lorsque le sujet finit par se résoudre à entamer une thérapie.

Naturellement, la raison fondamentale motivant la consultation d’un psychothérapeute est la souffrance.

Mais, comme l’écrit si bien Brigitte Minel, « nous souffrons d’abord parce que nous ne voulons pas voir que nous souffrons » ; et la thérapie a pour première mission de nous le faire comprendre, de conscientiser la souffrance.

Cette souffrance, la plupart des écoles psychothérapeutiques vont aller la chercher dans l’enfance.

C’est, disent-elles, parce que les souvenirs des difficultés non résolues durant l’enfance provoquent aujourd’hui encore des émotions déplacées, que nous ne parvenons pas à réagir d’une manière adéquate aux événements du présent, et que nous éprouvons de la souffrance, même si celle-ci est en grande partie inconscientisée.

Dès lors, le travail du thérapeute va consister à décrypter l’inconscient de son patient, en observant ses comportements, les mots qu’il emploie, ses attitudes, le ton de sa voix, ses lapsus, ses actes manqués, ses rêves, etc., et en utilisant différentes grilles de lectures empruntées aux théories de Freud et de quelques autres grands psychologues.

Là, bien sûr, le travail peut varier du tout au tout selon que le thérapeute se réfère à la  psychanalyse ou à l’analyse transactionnelle, à la Gestalt ou à la P.N.L., à la psychologie transpersonnelle ou à l’école de Palo Alto.

Les écoles psychologiques sont légions, et les perspectives théoriques, les approches thérapeutiques ou les protocoles de séances, n’ont finalement d’autre point commun que la recherche d’une harmonisation entre les

émotions et les pensées, le conscient et l’inconscient.

C’est, en tout cas, de cette harmonisation que dépend l’atteinte de cette santé psychique que l’on pourrait définir par une capacité à reconnaître la nature des émotions qui nous traversent… et à les gérer intelligemment.

La connaissance de soi-même sur laquelle toute bonne thérapie doit déboucher va permettre à l’individu de se sentir plus libre, moins bloqué et moins coupable, plus spontané, plus naturel, plus conscient.

En un mot, plus heureux ! 

 Viviane de Saint-Urbain 

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miller
miller
11 années il y a

Au sujet des psys, je conseille le travail d’Alice Miller :

http://www.alice-miller.com/
http://alice-miller.blogspot.com/